Les premières images du documentaire Copyright Van Gogh sont accompagnées des mots suivants :
Dafen est un quartier de la ville de Shenzhen, au sud-est de la Chine. C’est la plus grande concentration de peintres au monde. Il a été fondé en 1989 par Huang Jiang, un homme d’affaires hongkongais. Au début, il y avait seulement 20 « peintres-ouvriers » dans ce secteur. Maintenant, il y en a plus de 10 000. Des millions de peintures qui viennent de Dafen sont vendues partout dans le monde, dans des boutiques de souvenirs et des supermarchés comme Walmart. En 2015, les chiffres d’affaires de Dafen était de plus de 65 millions de dollars.
Les deux réalisateurs,Yu Haibo et sa fille Yu « Kiki » Tianqi, nous entraînent dans ce quartier de Dafen, où les « peintres-ouvriers » travaillent à la chaîne pour reproduire, le plus fidèlement possible, les tableaux des grands maîtres, sous différents formats souhaités. À l’heure des photocopieuses permettent de rendre compte des volumes, c’est vertigineux de voir ces hommes et ces femmes constituer cette chaîne humaine industrielle de reproductions.
Puis les documentaristes suivent Xiaoyong Zhao et sa famille. Avec toutes les toiles, les unes sur les autres, sa demeure est un prolongement de son atelier, et réciproquement, puisqu’il vit et dort dans son atelier. Ses reproductions sont sa vie, et plus particulièrement celles de Vincent van Gogh, avec qui son esprit est en « connexion », lui vouant une admiration infinie.
Zhao décide pour la première fois de se rendre en Europe, au Pays-Bas pour voir la galerie qui lui achète depuis des années ses toiles, et admirer, en vrai, les toiles originales de Van Gogh. Les réalisateurs captent le choc de cet artisan face à ses toiles, peu mises en valeur dans ce qui est finalement une boutique de souvenirs, plus qu’une galerie ; et le choc de constater les différences entre les originaux et les modèles qu’il avait à sa disposition.
Son travail est-il un vrai travail de peintre ? Ou celui d’un simple copiste, lui qui n’a jamais créé/peint une toile qu’il peut signer de son nom, alors qu’il appose « Van Gogh » sur chacune de ses commandes ? Zhao se rêvait peintre-artiste, créateur, et ce voyage, tel un électrochoc, va le pousser à concrétiser son rêve, tout en respectant encore davantage son maître. Son recueillement sur la tombe de Van Gogh est bouleversant. C’est un film très étonnant et très sensible, qui interroge la place de l’Art, mais surtout celle des peintres, ouvriers-copistes ou créateurs, montrant que les deux peuvent coexister chez un même individu de la plus artistiquement belle des façons.
Copyright Van Gogh, documentaire de Yu Haibo et Yu Kiki Tianqi – Chine / Pays- Bas – 1h24
Plus de renseignements avec notamment l’entretien avec les deux réalisateurs dans le dossier de presse.