CRITIQUE. Concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du Parc, le 13 Août 2021. F. SCHUBERT. M.DALBERTO.
Michel Dalberto possède un bien vaste répertoire et ce récital tout Schubert nous rappelle son implication dans l’œuvre du compositeur viennois. Son intégrale Schubert date de 2009 et mériterait une réédition.
Cette immersion dans le Schubert de Michel Dalberto est très intéressante car le pianiste a évolué depuis 2009 tout en gardant un fil particulier. L’écoute de son Schubert gagne en clarté sur bien des plans. La surprise est même possible avec des moments qui sonnent comme jamais nous les avions entendus. C’est une des constantes de son interprétation et que le temps semble avoir développé : cette capacité à établir des relations de contrastes très fortes dans les œuvres de Schubert. L’autre caractéristique est cette précision rythmique implacable qui change l’écoute. Beaucoup de ruptures sont ainsi mises en valeur et les thèmes souvent répétés et repris chez Schubert deviennent un peu agressifs par ce martellement de rythmes très détachés. Ainsi le moment le plus surprenant est le trio dans le troisième mouvement de la sonate D.960. Ce troisième mouvement est intitulé « Allegro vivace con delicattezza ». Michel Dalberto est capable de la plus subtile délicatesse nous le savions et le début du mouvement est de pure grâce. Subitement il accentue tellement les contrastes que le trio prend une allure inquiétante avec une main gauche qui « balance » des notes graves comme des cailloux qui troublent l’eau pure. C’est intrigant d’abord, puis percutant et au final extrêmement convainquant.
Le découpage des moments est ainsi également plus lisible quand d’autres interprètes les gomment pour faire avancer dans une recherche d’unité leur interprétation. L’implication totale de Michel Dalberto dans ses interprétations le rend très proche du public. La chaleur de la soirée, sans air frais, semble éprouver l’artiste comme une partie du public mais c’est au prix de cette tenue et de ces efforts que l’avancée du concert permet cette confrontation salutaire à Schubert.
Voilà une grande soirée consacrée au génie de Schubert par un artiste qui le connaît bien et sait renouveler l’écoute du public. Deux très beaux bis ont été offerts par Michel Dalberto au public très heureux. Schumann avec le féérique Oiseau-prophète des Scènes de la forêt op. 82 joué avec une délicatesse extrême et ensuite le chant éperdu dans un legato de rêve de la transcription par Liszt du Lied de Schubert « Der Muller an der Bach ». Les talents de Michel Dalberto sont nombreux !
Un concert de 2021 tout a fait remarquable capté à Gstaadt
Hubert Stoecklin
Critique concert. La Roque d’Anthéron. Auditorium du parc Florans, le 13 Août 2021. Frantz Schubert (1797-1828) : Moments musicaux D.780 n°1 ; 3 ; 5 ;6 ; Mélodie Hongroise en si mineur D.017 ; Impromptu en si bémol majeur op342 n°3 ; Sonate n°23 en si bémol majeur D.960. Michel Dalberto, piano.