CRITIQUE. Concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du parc, le 10 Août 2021. W.A. MOZART. R. SCHUMANN. F. CHOPIN. M.RAVEL. B. RIGUTTO. P. RIGUTTO.
Belle matinée musicale en famille et sous le soleil naissant
à La Roque d’ Anthéron.
Bruno Rigutto est le grand artiste que le festival connaît bien, admire. Ici l’an dernier sa soirée de l’intégrale des nocturnes de Chopin demeure un souvenir précieux pour beaucoup. Au matin l’auditorium se réveille avec le soleil naissant et son cortège de chapeaux de paille offerts par le festival l’habille. Ces récitals du petit matin sont périlleux et ne peuvent être comparés à ceux du soir ici même. Afin de nous prendre par la main en grande douceur et en élégance délicate, Bruno Rigutto a souhaité nous offrir la sonate pour deux pianos de Mozart. Cette œuvre solaire, enthousiaste et joyeuse est une excellente entrée en musique au petit matin. Le duo qu’il forme avec son fils Paolo Rigutto est enthousiasmant. La simplicité des thèmes et leur enchevêtrement subtil construisent une musique envoûtante. Les deux interprètes dans une complicité de chaque instant s’écoutent, se répondent, proposent et surenchérissent avec un bonheur visible. Paolo le jeune pianiste à la belle carrière est bien plus expressif corporellement que son père qui garde dans tout ce qu’il joue cette retenue de port qui donne toute place à sa sensibilité dans son jeu. Paolo n’est pas élève de son père mais a été élève de Brigitte Engerer, belle mozartienne s’il en est. Cette sonate du bonheur partagé met le public dans la confidence sans rien de calculé, en toute évidence et simplicité. Le bonheur de jouer ensemble une si belle musique lie le père et le fils et tout le public. Notons qu’à cet horaire le public accueille bien des enfants. Ceci est bienvenu puisque la suite du récital est consacrée par Bruno Rigutto aux scènes d’enfants de Schumann. Sa lecture est marquée par une sorte d’évidence qui permet au kaléidoscope schumanien de virevolter d’une émotion à l’autre. Cette très belle interprétation de ces Scènes d’enfants nous relie à ce que chacun a de plus cher en lui, un peu d’enfance encore vivante. Le Scherzo de Chopin nous plonge dans le jeu ample de Bruno Rigutto qui offre des sonorités plus larges et des phrasés plus amples. Un Chopin bien charpenté qui chante et émeut comme il en a le secret.
Pour finir avec le soleil haut dans le ciel, le choix d’Alborada del gracioso de Ravel est superbe. Tout y est soleil, ardeur, brillant, danses et un petit peu de piment car ce bouffon du tableau est un peu inquiétant. Bruno Rigutto sait faire sonner Ravel comme peu le peuvent, il suggère l’Espagne complexe mise en musique par le compositeur français.
Un concert très applaudi. Le premier bis est un air italien composé par Bruno Rigutto. Le charme de l’Italie avec un peu de Chopin ? Le public un peu frustré de ne pas avoir davantage entendu de piano à quatre mains se voit réconforté par le père et le fils dans un allegro gracioso de Dvorak plein de joie.
Un récital à quatre mains est à présent attendu car la complicité de ces deux artistes est jubilatoire, c’est le public qui le fait savoir !
Hubert Stoecklin
Critique. Concert. La Roque d’Anthéron. Auditorium du Parc Florans, le 10 Août 2021. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Sonate pour deux pianos en ré majeur K.448 ; Robert Schumann (1810-1856) : Scène d’enfants op.15 ; Frédéric Chopin (1810-1849) : Scherzo n°2 en si bémol mineur op.31 ; Maurice Ravel ( 1875-1937) : Alborada del gracioso, extrait de Miroirs ; Paolo Rigutto ( Mozart) et Bruno Rigutto, piano.