Pil, film d’animation de Julien Fournet
Pour leur troisième long métrage, les Studios toulousains TAT nous amènent à bride abattue au cœur d’une aventure en Occitanie dans laquelle action, émotion, suspense, fantastique et humour rivalisent en permanence. Une magnifique réussite !
Nous attendions avec impatience la suite des productions TAT tant Les As de la Jungle (2017) et Terra Willy (2019) nous avaient emballés par leur originalité et la place très singulière qu’elles prenaient dans l’univers de l’animation. Autant le dire tout de suite, ce troisième opus ne nous déçoit pas. Bien au contraire.
Julien Fournet, également scénariste, nous plonge au cœur de l’Occitanie du Moyen-Âge. Les premiers plans dévoilent autant les couleurs chaudes de cette région que l’architecture de ses cités (Carcassonne), ses châteaux (Montségur), ses villages aux ruelles encore pavées (Rocamadour, Cordes sur Ciel). Nous voilà donc dans la cité de Roc-en-Brume. Elle est dirigée par un Régent, Tristain. Le dessin a tôt fait de nous tracer le portrait du méchant de l’histoire. Celui-ci a pris goût au pouvoir depuis la disparition douteuse du maître des lieux. Mais voilà, le prince Roland a aujourd’hui 20 ans et doit monter sur le trône. Tristain n’arrive pas à s’y résoudre. Tant et si bien qu’il décide d’empoisonner l’héritier légitime de la couronne. Et Pil dans tout cela ? C’est presque une autre histoire. Cette petite orpheline vit au sommet de la statue monumentale du feu roi en compagnie de ses fouines. Raison faisant loi, elle a laissé au vestiaire toute morale et vit de rapines. Sa victime principale et favorite est ce gros balourd de Crobar, soldat bas du plafond qui ne rêve que d’être adoubé chevalier… Un quiproquo malheureux fait entrer Pil déguisée en princesse dans le château où vont se tenir les festivités du couronnement. Stupeur, Pil découvre que les jours de Roland sont plus que comptés. Heureusement, la potion mortelle préparée par Tristain ne fait que transformer le jeune homme en …chapoule, soit un doux mélange de chat et de poule. Pil ne va avoir de cesse que de contrecarrer les desseins du vilain Régent avec l’aide de ses amies à quatre pattes, mais aussi et finalement de Crobar et de Rigolin, un jeune bouffon gaffeur dont le mentor n’est autre qu’un troubadour clone de…Francis Cabrel, accent inclus. A hurler de rire ! Ventriloque, le jeune garçon donne vie à une marionnette-chaussette, Maître Crapulo. Il n’est rien de dire que le Maître en question balance grave sur la société d’alors…
Sur une superbe bo qui fleure bon la musique médiévale, ce film nous trace des parcours initiatiques au sein desquels la noblesse de cœur tient toute sa place tout comme la solidarité, la lutte contre l’exclusion, l’affirmation des femmes et d’autres enjeux qu’il n’est jamais inutile de souligner en creux devant les jeunes générations. Vous n’oublierez pas de sitôt cette petite héroïne au look punk-rock dévastateur qui, loin du dessin hédoniste et des scénarios formatés de certains studios américains, nous interpelle plus intimement et nous donne une furieuse envie de la suivre dans ses prochaines aventures. Pour tout public au-delà de 6 ans !