CRITIQUE, Concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du parc, le 4 Août 2021.L.V. BEETHOVEN. J.S. BACH/S.RACHMANINOV. S. RACHMANINOV. N. LUGANSKY.
Le succès planétaire du pianiste russe Nikolaï Lugansky en fait un des artistes les plus aimés du public. La Roque d’ Anthéron n’y fait pas exception qui lui a déjà consacré une nuit carte blanche et l’invite très régulièrement. En athlète sûr de lui et confiant dans l’amour de son public, Nikolaï Lugansky est entré sur scène souverain et s’est lancé dans une interprétation très personnelle de la fameuse sonate au Clair de lune du grand Ludwig que tant d’amateurs essayent de s’approprier. Dans un tempo très retenu il a donné une leçon de legato et de phrasé suspendu. La lenteur contenue avec une forme de densité a déployé la structure harmonique plus complexe qu’il n’y paraît de ce célébrissime adagio initial. La lenteur du tempo peut irriter, voir passer pour laborieuse mais ce déploiement de legato abolit le temps avec un art consommé. L’allegretto passe sans que rien ne rétienne l’attention et le final serait exagérément rapide sous d’autres doigts. Seul un Lugansky avec cette puissance digitale peut oser sans exagération un tempo pareil.
La sonate n° 32 est la plus expérimentale de Beethoven. Lugansky ose en montrer toute la modernité par ses tempi très variés, alanguis, pressés, vertigineux ou suspendus. Cette leçon sur l’abolition du temps se poursuit et entraîne l’auditeur très loin.
L’adaptation de Rachmaninov de la troisième partita pour violon de Bach est un exercice de virtuosité sidérant. Puis la poursuite avec Rachmaninov, le compositeur favori de Lugansky se poursuit avec une suite d’études-tableaux incroyablement virtuoses, prise dans des tempi sidérants. Les doigts d’acier du pianiste russe sont très, très impressionnants ! Le public est ravi devant tant de virtuosité et de puissance assumées. Trois bis vont sceller l’accord entre Lugansky et son public. Un Chopin et deux Rachmaninov toujours avec cette inaltérable puissance digitale. La musicalité et l’émotion ont été plus discrètes ce soir dans le beau parc.
Accord conclu. Veni, vici, ivi : Lugansky s’en est allé vers d’autres lieux où il sera également fêté, laissant dans le parc une saveur de puissance pianistique russe indémodable.
Hubert Stoecklin
Critique. Concert. 41 ième Festival de la Roque d’Anthéron. Auditorium, le 4 Aout 2021. Ludwig Van Beethoven ( 1770-1827) : Sonates pour piano N)14 en ut dièse mineur op.27 « Clair de lune » et N°32 en ut mineur op.111 ; Jean-Sébastien Bach (1685-1750)/Serge Rachmaninov (1873-1943) : Partita n°3 pour violon en mi mineur BWV 1006, transcription pour piano (Ext) ; Serge Rachmaninov (1873-1943) : Études-tableaux op.33, n°2 et n°5 ; Études-tableaux op.39, n° 4,5,6,7,8,9. Nikolaï Lugansky, piano.