C’est la 26ème édition pour ce monumental événement culturel qui va se dérouler essentiellement sur toute la semaine du 13 au 20 juin. Encore une explosion de fusions musicales, d’identités nationales fertiles, de mélanges de couleurs au service de l’art, de la musique, de la danse. Tout cela grâce à de nombreux partenaires fidèles, privés, professionnels, institutionnels et médias.
Directeur artistique de ce festival, Hervé Bordier nous présente avec grande émotion sa dernière cuvée après une année blanche, hélas. Il a tenu à inviter, dans ces moments d’incertitudes de la crise sanitaire mondiale, avec ses contraintes de jauge, de protocoles et de distanciation, des artistes du nord au sud, de l’est à l’ouest du continent africain, des artistes qui ne cessent de surprendre dans leur dimension contemporaine des foules encore vierges.
Amadou & Mariam © Juliot Bandit
Le Festival Rio Loco ! a su faire sien les nouvelles formes d’art et se retrouvent alors, musiciens, plasticiens, photographes, chanteurs, mixeurs, danseurs, conteurs, défricheurs et talents en émergence, mémoires vivantes et emblématiques dans toute leur richesse et créativité. Une véritable explosion des sens en perspective.
Il fallait relever le défi après le traumatisme causé par la pandémie durant l’année 2020. Directrice des Musiques, Virginie Choquart a mis toutes ses forces dans la lutte pour mettre au point une version inédite. Inédite elle l’est quand on constate qu’il a fallu tout repenser : jauge pour chaque événement, assis- chaises et gradins, circulation du public, des artistes, des personnels et techniciens, sur les 6 ha de la Prairie des Filtres, aux abords, quels artistes disponibles, les conditions sanitaires imposées, etc…Une épreuve inédite pour une programmation inédite dans des conditions inédites. Bravo !
Ceux qui ont déjà “pratiqués“ les Rio Loco ! précédents retrouveront les deux scènes habituelles à savoir, Scène Garonne et Scène Pont-Neuf, sans oublier les événements en ville hors-date du Festival, à consulter dans leur diversité. Mais, avant de parler musique et chant, on s’occupera des sensations visuelles avec JP Mika et son affiche choc, amusante et colorée en diable et ses totems, de véritables délires pour les yeux, des sensations que vous pourrez compléter avec l’expo du travail photo du Collectif des six femmes et leurs regards pluriels à l’Espace Village, les totems d’Evans Mbugua, celui des plasticiens Mounou Désiré Koffi, Bruno Reganzu et Hellen Nabukenya. Ces arts visuels sont captivants.
JP Mika
Une innovation pour cette édition avec la scène baptisée Mino Loco, un espace dédié aux familles avec une programmation multi-facettes pour petits et plus grands qui se doit d’être consultée.
Flopy © Aline Bourgeat
Mais la scène Garonne se distinguera aussi par ses huit horaires pour le Sound System pour amateurs de disques vinyles et leurs morceaux rares, tous les fans de musiques électroniques des quatre coins du monde, avec des acharnés des sons les plus improbables, vous “balançant“ des sets électrisants et des mix incandescents. Sont au rendez-vous les, DJ Juba, Catu Diosis, ou Paloma Colombe et ses sets fortement sous influence berbère.
Paloma Colombe
Une vingtaine de groupes ou de musiciens solistes venus d’une quinzaine de pays africains occuperont les deux scènes habituelles sur les sept jours à des horaires bien précis. Des pass vous faciliteront les choix puisque les tarifs sont dégressifs et sur la journée et sur les jours. Du camerounais James BKS, l’urban pop futuriste, fils du saxophoniste Manu Dibango, en passant par l’afro-pop électro de Dobet Gnahoré en rejoignant le dernier roi de la rumba, Sam Mangwana, on pourra applaudir Fatoumata Diawara, l’image absolue de la femme déterminée sauvée de sa condition par ses multiples talents artistiques et une indestructible opiniâtreté. Autre artiste féminine qui a sauvé sa peau grâce à un courage sans mesure mais l’a contrainte à l’exil, la chanteuse Sahra Halgan, du Somaliland, l’icône blues rock afro-orientale. Gageons que pas mal de festivaliers vont pouvoir se replonger dans quelques cartes géographiques du continent en question, berceau de ce panel d’artistes.
Fatoumata Diawara
On peut évoquer encore le touche-à-tout Gaël Faye, chanteur, musicien, écrivain dont on voudra admirer comment son présent efface les tragédies de sa vie passée mais on aura pu assister juste avant au concert de la nouvelle reine du kuduro-pop à l’angolaise, une certaine Pongo. Et on ne pourra ignorer le chant en arabe de la voix lumineuse du tunisien vivant maintenant en Belgique Jawhar Basti, s’accompagnant à la guitare. Enfin, une remarque pour situer le poète “visuel“ sénégalais Wasis Diop, chanteur et guitariste : « Écouter pour la première fois un album de Wasis Diop, poète de la parole et du son, c’est faire une expérience. Comme avec léonard Cohen, Kate Bush ou Joni Mitchell, la sensation est celle d’entrer dans un temple. »
Jawar © Alexis Gicart
Allez, vengeons-nous de l’an passé et laissons-nous happer par ces émotions se dégageant de tant de diversités et de richesses sonores et visuelles. On aurait pu compléter avec les sensations tactiles et odorantes et gustatives mais le méchant virus a décidé ……qu’il faudrait attendre. Nous saurons attendre. Certains festivaliers ne pourront s’empêcher de faire le lien entre cette extrême diversité qui rejoint celle constatée dans l’âme de l’Afrique au travers des masques et sculptures.
Rio Loco