C’est le début d’une saga, celle des Gracias, quatre jeunes aux origines entourées de mystère. Ils vivent dans la trop fameuse et bien réelle Tour de David, dans la ville la plus dangereuse du monde : Caracas. De nos jours, dans un Venezuela en faillite, en proie à toutes les corruptions, vivent plus de 3000 personnes dans un gigantesque squat, une immense tour de 45 étages qui devait être le Wall Street de ce pays qui fut naguère richissime.
Dans cet immeuble inachevé, et donc dangereux, se sont regroupés des miséreux, mais aussi des salariés vivant chichement de leurs maigres revenus. Ils ont ensemble fini par créer une communauté avec ses écoles, ses centres de soins, ses épiceries, ses potagers, etc. Bien sûr ils sont enviés par la foule des laissés pour compte de ce pays. Ces derniers ne rêvent que de prendre la place de ceux qu’ils considèrent comme des nantis…
Heureusement, la tour est bien protégée mais la masse croissante qui l’assiège littéralement et les nombreuses tentatives d’envahissement rendent sa survie précaire. C’est au travers du quotidien des Gracias et de la matriarche qui les a recueillis que nous suivons le cours d’une vie pleine de petites joies mais surtout de grands dangers. Rien a priori qui pourrait faire se rencontrer ces quatre jeunes avec deux grands ados français installés au pied de la dune du Pyla. Et pourtant, suite aux incendies qui ont rendu la vie au plus près de cette fameuse colline de sable impossible, Shaun et Fany vont croiser le destin des Vénézuéliens. Comment ? Nous le saurons dès le deuxième tome de cette saga qui, très clairement, est l’écho assourdissant des malheurs tant sociaux que climatiques qui meurtrissent notre planète. Le constat est glaçant, nos deux auteurs ne faisant l’économie du moindre danger qui, soit nous guette, soit fait déjà partie de notre quotidien.
Conjuguant avec virtuosité des récits séparés par plus de 7 000 kilomètres, Anne Plichota et Cendrine Wolf laissent cette fois de côté la magie de leurs opus précédents pour décrire ici une aventure véritablement poignante traversée par les grands sujets contemporains. Finis les superpouvoirs, voici l’humain face à lui-même, avec ses forces et ses faiblesses. Sans oublier le personnage quasi central de ce roman, cette Tour de David, authentique porte-drapeau de la précarité mais aussi de la solidarité, de l’entraide et du courage.
Un roman que vous allez dévorer en attendant le printemps prochain pour un tome 2 sur lequel vous vous jetterez certainement.
« Le Rêve d’un autre monde/ La Tour de l’espoir » – XO Editions
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