Djaïli Amadaou Amal publie Les impatientes, aux éditions Emmanuelle Collas. Un roman magnifique qui suit le destin de trois femmes camerounaises. Et toujours en lice pour le prix Goncourt 2021.
Elles s’appellent Ramla, Hindou et Safira. Trois femmes soumises à la même tradition patriarcale. Tout d’abord Ramla, femme solaire, d’une beauté époustouflante. Ramla étudie et est amoureuse d’un garçon qu’elle souhaite épouser. Afin, si son père y consent. Car chez eux, c’est le père qui ordonne. Ce dernier finira par ne pas consentir à cette union. Et pour cause, un homme, certes plus vieux mais bien plus riche, veut Ramla. Alors il aura Ramla. La fille pleure, supplie. Rien n’y fait. Ramla doit se soumettre. Se soumettre à sa famille, se soumettre à son futur mari, et se soumettre à la première femme de son mari, Safira. Safira ne veut pas de cette co-épouse, elle veut son mari pour elle seule. Pour cela, elle sera prête à tous les stratagèmes. Quant à Hindou, la sœur de Ramla, elle sera aussi mariée de force à un cousin germain. Un ivrogne et un drogué qui lui fait peur. Cris, sanglots, rien ne fera changer le destin de ces pauvres malheureuses, les marionnettes d’un destin funeste.
Choisir sa destinée
Djaïli Amadaou Amal décrit tout cela avec un réalisme qui fait froid dans le dos. Car il s’agit d’un roman qui, comme elle le précise, est inspiré de faits réels. Djaïli Amadaou Amal se positionne en observatrice, laissant ses héroïnes dire et exprimer toute la colère qu’elles contiennent. Tout leur désespoir qui n’émeut personne. Pour seule consigne, seul mot d’ordre, on leur répondra « Patience ! » Patience contre quoi ? La dépossession ? La violence ? Le viol ? L’humiliation ?
Les héroïnes de ce roman très puissant tentent par tous les moyens de trouver une issue, de s’en sortir. Et s’il ne reste aucune lueur d’espoir, peut-être reste-t-il la fuite. Djaïli Amadaou Amal offre un texte bouleversant sur la condition des femmes au Caméroun. Elle parle juste et fort car elle-même a connu ce qu’elle appelle à reconnaître comme une injustice fondamentale. Une voix indispensable dont il était nécessaire d’entendre !
Djaïli Amadaou Amal, Les impatientes, Editions Emmanuelle Collas, 252 p.
Photo : Djaïli Amadou Amal © Olivier Thibaud
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