De son vrai nom Yann Zurano, JAZZU est artiste sous le diminutif « JAZZU ». « JAZ » pour sa passion pour la musique, « ZU » pour la première syllabe de son nom de famille. Avant de vivre de sa peinture, JAZZU était éducateur spécialisé auprès d’enfants déficients auditifs pendant 15 ans. Un métier passion. Et un sacerdoce. Ses émotions du quotidien, il a éprouvé la nécessité de les mettre en couleurs et en mots. C’est l’alliance des deux qui fait sans doute la spécificité de son oeuvre. Sensible à autrui, JAZZU essaie d’aider différemment ses semblables en participant à des ventes caritatives ou en donnant de l’argent à des associations qui lui tiennent à cœur. Lors du 1er confinement, une vente aux enchères avec la galerie Serventi avait eu lieu afin d’ aider la fondation ABBE PIERRE.
C’était comment la vie avant le COVID ?
Avant le COVID la vie c’était les copains, les expositions, les vernissages, les concerts. Monter à Paris voir des expositions d’art, voyager à l’étranger avec ma femme ou ma petite famille.
Une journée avec vous ça ressemble à quoi ?
La journée commence par amener les enfants à l’école. Après ça dépend de mon humeur et de mes ressentis, soit c’est café et lecture ou alors café/atelier. La journée peut être productive ou non, je ne conçois pas mon métier comme une obligation. Mes œuvres sont le miroir de mes émotions. Si je ressens rien, je n’arrive pas à créer. C’est assez étrange mais j’ai besoin de me sentir guider par une âme.
Comment vivez-vous le confinement émotionnellement?
Ce second confinement est plus dur malgré que mes enfants restent scolarisés. Je ne sais pas comment l’expliquer mais il m’a fait plus peur. Surement aussi que j’ai eu peur pour mon foyer. Ma femme étant indépendante et avec une activité presque à l’arrêt, le doute s’est installé. Puis petit à petit le moral est revenu, on espère que ça va aller pour 2021. L’année fût difficile émotionnellement ; l’absence de relations nous on a fait mal. On aime les gens, on aime recevoir c’est notre ADN.
En tant qu’ancien éducateur spécialisé, comment expliqueriez-vous le COVID à un enfant ?
C’est une question qui s’est posée au 1er confinement ; nous avons dû expliquer « le virus c’est quoi ? », « « Pourquoi on reste à la maison ? ». Bref même en tant qu’ancien éducateur la question n’était pas simple, nous avons tenté de mettre les mots en expliquant qu’on se mettait en retrait pour aider le corps médical à soigner le plus de monde possible. Nous avons signifié que c’est un virus rare que l’on connaissait pas, qu’il fallait protéger les grands parents et la famille. C’est plus difficile maintenant, ce second confinement nous coupe de la relation à l’autre. Les enfants ont besoin de cet échange générationnel mais aussi des relations à l’autre. Cette coupure sociale est difficile à vivre pour eux me semble-t-il.
Et à un adulte ?
Je ne pourrais pas l’expliquer à un adulte chacun y voit quelque chose. Moi il me semble que le plus dur dans cette période c’est la division que cela a créée dans la population. Ca me touche, nous avons été touchés par le virus de plein fouet par un membre de notre famille jeune qui l’a eu. Il a été en réanimation donc on a vu ce que cela pouvait faire au plus dur de la maladie. On l’a aussi côtoyé, j’ai des amis qui, sans passage en réanimation, sont fatigués encore après des semaines de guérison. Ce que je dirai, c’est prenons soin de l’autre en prenant soin de soi. Je n’aurais pas de mots miracles.
Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Je crois qu’il y a deux choses qui me manquent le plus, c’est rire avec les autres et les concerts. Pour moi la musique ou encore le théâtre sont essentiels à ma vie. C’est utile pour penser et réfléchir au monde qui nous entoure.
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Je ne sais pas, je n’avais pas réfléchi à cet aspect.
De quoi avez-vous peur aujourd’hui ?
J’ai peur de pas vivre le présent. Je m’attelle à cette notion depuis des années et elle reste pour moi essentielle. Vivre l’instant présent comme si demain je n’avais plus rien. Ma peur serait d’avoir des regrets alors j’essaie de ne pas avoir peur.
Comment voyez-vous votre avenir ? Et celui de l’humanité ?
Moi mon avenir passe par le regard de l’autre sur mes œuvres donc je me pencherai et veillerai à autrui. Mon avenir c’est exposer et rencontrer des collectionneurs, des amateurs d’art. Je souhaite qu’on ne se divise pas face à cette crise sanitaire et sociale qui s’est installée depuis quelques temps. La jalousie et la rancœur est profonde au sein de notre société. C’est difficile à vivre, je pense qu’il faut essayer d’être là pour autrui et de rendre à la société ce qu’elle nous donne. C’est mon avis, j’ai été éduqué dans le partage à l’autre. On m’a toujours dit si tu donnes tu recevras. Alors donnons sans attendre en retour, il se fait naturellement dans les yeux de l’autre.
Montrez-nous votre art du moment …
« Time Off » ça dit ce que ça dit …
Alors, il y a encore de l’espoir ?
De l’espoir il y en a toujours et dans chacun de nous, il faut regarder autour de soi l’espoir est là.
Un livre : SOUFI MON AMOUR de Elif Shafak et L’ALCHIMISTE de Paulo Coelho, je ne peux pas choisir, ces 2 livres sont importants dans ma vie.
Un morceau de musique : SO WHAT de Miles Davis
Un film : LE BON LA BRUTE et LE TRUAND de Sergio Leone
Une série : FRIENDS
Un mantra : « Vivre l’instant présent »