Pour vous accompagner pendant cette saison 2 du Confinement, je me suis attachée à questionner des personnalités toulousaines inspirantes qui évoquent leur parcours, leur appréhension du confinement et leur projection dans l’après Covid.
Jean-Michel Lattes est un homme très occupé et, paradoxalement, extrêmement accessible, irrésistiblement drôle et enjoué. A demi confiné, il poursuit ses activités en tant qu’enseignant-chercheur, maire adjoint de Toulouse et Président de Tisseo.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Jean-Michel LATTES. Je suis, avant tout, un enseignant-chercheur à l’Université Toulouse Capitole. J’y tiens beaucoup car c’est le plus beau métier du monde. J’en suis persuadé.
Je suis aussi maire adjoint de Toulouse et Président de Tisseo. Ce n’est pas un métier, c’est un mandat. C’est là un engagement par nature non durable car soumis aux choix démocratiques. Je suis en charge des transports et, en particulier, de faire avancer le dossier de la troisième ligne de Metro. Je m’occupe aussi de la langue et de la culture occitane.
Mes Hobbies ? La montagne, la montagne et la montagne. Un jour je partirai dans ma vallée, la vallée d’Aure, et je ne reviendrai jamais.
Ma personnalité ? Demandez à mes amis… à mes ennemis aussi.
C’était comment la vie avant le COVID ?
Avant le COVID, c’était un mouvement permanent. Je passais sans transition d’une tache à l’autre. C’était intense… trop sans doute. Le temps manquait.
Il y avait aussi des choses que je vivais sans me rendre compte que je pouvais en être privé… un déjeuner au restaurant, un film au ciné, un match de rugby dans un stade plein, un concert avec mon groupe des Mâles au Chœur de Tolosa , un match de rugby avec mon équipe de vieux, les Tontons Flagueurs du FCTT…
Une journée avec vous ça ressemble à quoi ?
Aujourd’hui c’est plus calme. Beaucoup de choses sont interdites. On retrouve ma liste de la question précédente. Je continue mes cours… à travers un écran… J’ai toujours autant de réunions mais en visioconférences… la vie va un peu moins vite mais elle est très différente de la vie d’avant. L’humain disparait un peu. La présence des étudiants me manque. Un cours, c’est un spectacle vivant… par écran ce n’est pas la même chose.
Comment vivez-vous le confinement ?
Patiemment. Je ne peux le changer… donc je le gère. Je bouge cependant beaucoup avec la fac, Tisseo et la mairie mais avec beaucoup moins de rencontres. Je vois ma famille plus que d’habitude… et ça c’est bien.
Je lis beaucoup… et cela je ne peux m’en plaindre. J’écris aussi des articles qui seront publiés dans des ouvrages juridiques en 2021 et je me suis décidé à signer avec un éditeur pour publier des articles en droit du travail.
Comment expliqueriez-vous le COVID à un enfant ?
Comme une expérience de vie provisoire… un passage qu’il faut gérer en attendant demain. S’il est très jeune comme ma petite fille, je le lui raconterais comme un conte de fées. Un peuple heureux qui subit une malédiction d’une méchante sorcière. Mais comme le peuple est valeureux, il trouve le moyen de faire disparaitre le mauvais sort… et donc, je commencerais par « Il était une fois… « et je terminerai par « il eurent beaucoup d’enfants et ils vivaient heureux ».
S’il est plus âgé j’essayerais d’être pédagogique en expliquant la réalité des choses. C’est ainsi que mes parents scientifiques m’ont élevé, en m’expliquant la vie par sa dimension scientifique.
Et à un adulte ?
C’est plus compliqué car les adultes aujourd’hui sont devenus très compliqués. Chacun semble détenir sa vérité. Les réseaux sociaux sont devenus mortifères.
Je ne chercherais donc pas à l’expliquer à un adulte. Je n’en ai ni la compétence ni l’envie.
Par contre, je dirais bien à l’adulte d’espérer et de positiver. C’est cela le vrai message.
Qu’est-ce qui vous manque le plus ?
J’aime serrer mes amis dans mes bras. J’aime embrasser les gens. Se dire bonjour sans se toucher me pèse.
Je ne vois plus en direct mes parents, frères et enfants. Je ne vois plus en direct mes amis. C’est ce qui me pèse le plus.
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Les réunions interminables… vive les réunions à distance ! Il m’arrive de faire deux choses à la fois durant certaines réunions… un peu longues.
De quoi avez-vous peur aujourd’hui ?
Que mes proches soient touchés par le virus.
Comment voyez-vous votre avenir ? Et celui de l’humanité ?
Les deux sont liés. L’homme seul ne peut bien vivre si l’humanité ne va pas bien. Je crois cependant que le monde sera meilleur après le Covid. J’en suis sûr. On fera plus attention aux petites choses dont nous avons été privés. On fera plus attention aux bons moments.
Alors, il y a encore de l’espoir ? J’en suis sûr !
Un livre : Le petit prince de St Exupéry car il reste mon livre préféré. Et tous les Tintin, je suis un fan absolu du personnage !
Un morceau de musique : Le concerto de Rachmaninov écouté pour la première fois il y a 40 ans à la Halle aux grains. Je ne m’en suis toujours pas remis.
Un film : Harold et Maude…. Vu 100 fois.
Une série : Chapeau melon et bottes de cuir… car c’est LA série.
Un mantra : Supercalifragilisticexpialidocious… pour les amoureux de Mary Poppins.