Comme on dit couramment, il faut avoir le cœur bien accroché quand certains événements vous tombent dessus. Pour faire court, vendredi après-midi, des cas contact se révèlent dans la fosse. Résultat, plus d’orchestre, donc plus de musique, donc plus d’opéra ce soir. Un vrai coup dur. Mais………
C’est sans compter sur la ténacité, l’opiniâtreté des responsables avec à leur tête Christophe Ghristi et Claire Roserot de Melin. Il faut réagir vite et les cerveaux entrent en ébullition. C’est là que le sauveur aura pour nom Robert Gonnella. Notre chef de chant attitré au Théâtre depuis, disons, quelques lustres, tenait déjà le continuo au clavecin pour ce Cosi. Il va accepter de se mettre au piano pour toute la partition musicale de l’opéra ! Alors, tout s’enchaîne et, oserai-je, dire tout paraît simple.
Speranza Scappucci reste à sa place de chef d’orchestre comme à l’habitude en s’investissant encore davantage dans la direction de l’opéra, la fosse presque vide. Moment surréaliste. Les chanteurs sont partants, tous. La représentation est sauvée. Il suffit que le public soit près à suivre un Cosi… sans la musique de Mozart ! Ils seront peu à faire demi-tour. Tant pis pour eux. Ils ratent une représentation qui fera date, recueillant des salves d’applaudissements.
Je reprends ici, partiellement, mes premières impressions après la Première : « Ivan Alexandre règle une mise en scène qui fonctionne si bien avec la production créée pour le charmant théâtre unique dans son genre du château de Drottningholm.
Antoine Fontaine, décors et costumes, et Tobias Hagström Ståhl, lumières construisent un écrin tout à fait adéquat et pratique pour le jeu et le chant des six protagonistes qui s’en donnent à cœur joie et dont on n’analysera pas dans le détail la performance, pleine d’émotion et de joie manifeste de se retrouver sur un plateau éloigné depuis tant de mois. Anne-Catherine Gillet, Julie Boulianne sont tourneboulés par l’inconséquence de leurs amants respectifs Alexandre Duhamel et Mathias Vidal. Qui tirent les rênes de cet opéra buffa, c’est un couple en accord parfait formé par Sandrine Buendia et Jean-Fernand Setti. Les six protagonistes sont déchaînés et explosent la scène tout en chantant Mozart à chaque seconde.
En un mot, et je confirme encore, une grande victoire sur ce terrible imprévu.