Compte-rendu concert. Quarantième Festival International de Piano. La Roque d’Anthéron. Parc du château de Florans. Auditorium, le 17 Août 2020. Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Sonate n°14 en ut mineur op.27 n°2 « Clair de Lune » ; Claude Debussy (1862-1918) : Claire de lune (Suite Bergemasque) ; Soirée dans Grenade (Estampes) ; Manuel De Falla (1876-1946) : 5 extraits de la suite pour piano de l’Amour sorcier ; Frédéric Chopin (1810-1849) : 3 Mazurka, mi mineur op.17 n°2, la mineur op.17 n°4, ut dièse mineur op.30 n°4 ; Serges Rachmaninov (1873-1943) : 5 Préludes, ut dièse mineur op.3 n°2, ré majeur op.23 n°4, sol mineur op. 23 n°5, mi bémol majeur op. 23 n°6, si bémol majeur op.23 n°2 ; Luis Fernando Pérez, piano.
Le pianiste Espagnol Luis Fernando Pérez aime venir à La Roque et le public lui est acquis. Il faut dire qu’il se dégage de la présence de cet artiste une personnalité rayonnante, sympathique et élégante, tout sourires dehors.
Le récital de matinée débute avec la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. L’humour est peut-être là mais le résultat est déroutant. Ce musicien sait mettre une suggestion suffisante dans son interprétation pour nous faire oublier le soleil débutant sa course et nous faire rêver à la nuit. Le premier mouvement emblématique est calme, serein et lumineux. Il avance avec facilité. L’allegro et surtout le presto agitato sont encore plus lumineux et vivants. Cette audace particulière à Luis Fernando Pérez est de jouer des tempi avec une élégance irrésistible. Le Clair de Lune de Debussy suit avec une évidence délicieuse. Le piano de Pérez se fait plus aérien et joue avec les harmoniques mettant en valeur l’écriture impressionniste de Debussy. Bien évidemment La Soirée dans Grenade prend une dimension particulière avec le tempérament latin de ce beau musicien. Il s’amuse avec les ambiances variées de cette page célèbre. Puis les extraits de l’amour sorcier permettent un jeu plus mystérieux encore, plus brillant aussi et le fantastique s’invite. Les tableaux sont vivants, et magnifiquement brossés par le jeu plein de fougue de Luis Fernando Pérez. La lumière est variable mais toujours bien présente, avec des feux d’artifices aussi.
Le repos et un retour à l’élégance et la tenue permettent aux Mazurkas de Chopin de dévoiler leurs charmes secrets. Le jeu avec le tempo permet des effets surprenants qui stimulent agréablement l’écoute et donnent envie de bouger à l’auditeur, comme invité à danser.
Le jeu gagne en puissance dans la partie finale consacrée à 5 Préludes de Serges Rachmaninov.
Le piano est tour à tour brillant ou mélancolique et s’appuie toujours sur la solidité technique de Luis Fernando Pérez. Le public est conquis par ce programme varié et vivant. Luis Fernando Pérez offre plusieurs bis, disant au public son plaisir d’être là et ne cachant pas ce que le confinement lui a coûté. Il ajoute ainsi trois danses et rend hommage à l’Amérique du Sud. Le jeu est d’une liberté folle et le public exulte. La chanson populaire Colombienne Yolanda est une pépite, une Seguedille de Tonadas et une Habanera de Montsalvatge achèvent de donner envie au public de danser. Luis Fernando Pérez est un musicien aux charmes complets qui a offert un beau moment de partage au public du matin qui a de nouveau bien résisté à la chaleur du soleil. Bravo au public aussi ce que n’a pas manqué de faire le pianiste espagnol préféré du public de La Roque.