Pour faire vivre, malgré tout, le théâtre, le spectacle, et tous ses acteurs, techniciens, … le Théâtre Garonne de Toulouse a initié A BAS BRUITS, une série de rendez-vous dédiés à l’invention, à la vitalité, et à la curiosité. Petite jauge, formes courtes mais représentations multipliées pour un fil rouge, des petits cailloux blancs semés pour ne pas perdre toutes ces histoires qui articulent nos vies. Vitalité, vies, ligne de vie, de celle qu’on lit – cette semaine – dans les mains du trio La Cachette, un spectacle issu de la collaboration entre les corps et âmes de la compagnie BARO D’EVEL et le guitariste Nicolas Lafourest.
A partir du mercredi 29/07 jusqu’au 02/08 – plusieurs séances par jour.
Vous connaissez j’espère (sinon foncez!) la belle compagnie Baro d’Evel, qui – depuis une vingtaine d’années et avec de purs instincts – métabolise tous les ingrédients de cette vie de bric et de broc qui nous est donnée, pour l’exprimer ensuite dans la formule la plus simple et la plus honnête d’un art de vivre malgré tout: l’équilibre. Un équilibre dynamique, en progression, en franchissements, en passages, en transformation; un équilibre qui ne cache rien des hésitations et des rétablissements provisoires qui permettent le prochain pas sur le fil. Rien n’illustre mieux – aujourd’hui, maintenant – un nécessaire rapport exutoire à notre époque si abîmée.
C’est bien parce qu’ils n’ont pas cette prétention que l’on peut affirmer ici que si la sincérité ne suffit pas à faire un spectacle réussi, il faut au moins en passer par là, et jouer cartes sur tables, pour échafauder un discours convaincant. Pour le spectateur, la singularité des écritures multiples de Baro d’Evel (la culture du cirque bien sûr avec la voltige, l’animal en partenaire, les portés acrobatiques, le clown, mais aussi l’art graphique in vivo, l’art lyrique, et la création musicale) fait de chacune de leurs représentations une traversée en compagnie; car si Baro d’Evel revendique une interprétation dramatique née de leur état émotionnel du moment, il va assez bien de soi qu’un tel état est intimement vulnérable ou sensible à celui du public qui le partage.
Avec des spectacles tels que Le Sort du Dedans, Mazut, Bestias, et le dyptique Là, Sur la falaise, Baro d’Evel donne à voir des mises en scène à toutes les échelles. La Cachette, quant à lui, est un spectacle dont l’équation confine à l’épure. Même si la contrainte de l’espace réduit (splendides galeries souterraines du Théâtre Garonne) impose une économie de décor et de déplacement, le terme minimaliste ne suffit pas – disons plutôt élixir – pour décrire ce bouquet de senteurs où un seul mot, une seule inflexion dans la voix, un seul geste, une seule note identifie chacun et tous les spectacles des très attachants Camille Decourtye, Blaï Matteu Trias, et Nicolas Lafourest. Cet assaut de sincérité à tenter de traduire notre condition de désarroi dans une période si chahutée (le spectacle a été conçu durant le confinement) me rappelle les séances dites de close-up proposées par certains magiciens: la manipulation se déroule sous nos yeux ébahis et pourtant on ne voit pas les ficelles.
Avec La Cachette, on n’a jamais été aussi près de Baro d’Evel, leur magie n’a jamais été aussi puissante. Elle opère ici sans artifice ni dissimulation aucune, paumes des mains ouvertes, lignes de vie offertes à qui veut les partager.
L’annonce via Le Théâtre Garonne
Un dossier complet sur la compagnie Baro d’Evel, réalisé par Art Cena, comprenant le podcast d’un entretien réalisé en mars 2020, dans lequel – malgré des questions convenues – Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias réussissent en s’exprimant à deux voix à illustrer l’âme de leur projet, tout en retraçant les grandes lignes de leur itinéraire.