Amélie Cordonnier publie Un loup quelque part aux éditions Flammarion. Un second roman qui vient interroger la complexe relation entre une mère et son nouveau-né.
La narratrice, mère de deux enfants, semble heureuse. Une vie comblée, de nombreuses activités, un mari attentif, une fillette de 8 ans très perspicace et un nouveau-né pas trop encombrant. On se demande d’où va venir le chaos dans ce tableau de tranquillité. Il ne faudra pourtant pas grand-chose pour que le récit s’emballe et entraîne la mère dans la tourmente. En réalité, il suffira d’une tâche foncée qui apparaît sur le cou du bébé. La mère s’inquiète, va voir le pédiatre. Celui-ci la rassure, rien d’alarmant, c’est un phénomène naturel pour tous les enfants métis. Mais seul hic : ni le père, ni la mère ne sont métis. Pas plus que leur première fille. Que se passe-t-il ? Pourquoi cet enfant est différent ? Un mensonge serait-il à l’origine de cette énigme ? La narratrice va découvrir des réalités qui vont la plonger dans le désespoir et pire encore dans la détestation de cet enfant.
Le désamour d’une mère
S’occuper de l’enfant devient un calvaire, pire une plaie. La mère tente de cacher son dégoût, mais il est là. Elle ne peut pas s’occuper de cet enfant. Il lui rappelle que sa vie est un mensonge. Et il y a ses tâches sombres qui, peu à peu, s’étalent sur l’ensemble du corps. Son fils mute, change, devient un étranger. On ne peut que penser, comme la narratrice, à la métamorphose de Kafka. L’enfant devient un autre.
Amélie Cordonnier décrit très bien cette relation de face à face entre la mère et l’enfant. Les sentiments qui étouffent et angoissent. On retrouve l’ambiance suffocante du huis-clos déjà présente dans Trancher, son premier roman. L’auteur y interroge encore le rapport entre bourreau et victime.
Dans Un loup quelque part, il est aussi question de l’amour maternel qui ne rime pas toujours avec naturel. Amélie Cordonnier n’a décidément pas peur de s’attaquer à des sujets complexes et d’en montrer toutes les facettes. Ceci est possible grâce à une écriture frontale qui fonce comme une flèche vers sa cible.
Amélie Cordonnier, Un loup quelque part, Flammarion, 256 p.
Photo : Amélie Cordonnier © Pascal Ito
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