Peu de temps avant le confinement, Lucie Paye publiait Les cœurs inquiets aux éditions Gallimard. Un roman à deux voix d’une beauté infinie.
Certains romans, parus début mars, n’auront hélas pas eu la lumière qu’ils méritaient avec l’arrêt des rencontres littéraires et la fermeture des librairies. Le premier roman de Lucie Paye faisait pourtant partie de ces romans dont on aurait dû parler. Et ceci pour au moins deux raisons : une histoire bouleversante et une écriture très poétique.
L’histoire se partage entre Elle et Lui. Lui, c’est un peintre vivant à Paris. Souvent pris de doutes et d’hésitations. Il s’apprête à exposer dans une galerie. Un jour, il voit apparaître une femme dans un de ses tableaux. Cette présence le saisit, le déstabilise, l’obsède. Qui est-elle ? Que représente-t-elle ? Sans le vouloir, le motif revient, sans cesse. Elle, c’est une inconnue qui écrit une lettre. Le destinataire est l’éternel absent. L’enfant qui lui a été arraché très jeune par le père. Vivre dans la perte, voilà ce que raconte cette longue lettre d’une mère qui n’a jamais cessé d’espérer, d’aimer.
La rencontre de deux solitudes
Les deux voix qui hantent le texte se croisent, se juxtaposent, se superposent. Par petites touches, nous apprenons à connaître la vie de ces deux personnages à la sensibilité extrême. Le tableau se crée sous nos yeux, les événements prennent de la couleur et racontent une histoire déchirante.
L’écriture de Lucie Payet est d’une incroyable sensibilité qui saura effleurer le lecteur. Une écriture presque par énigmes qui sème des indices pour que chacun puisse reconstruire le fil de l’histoire. De page en page, l’émotion grandit, les personnages deviennent intimes et s’accrochent au lecteur pour ne plus les lâcher. Ce roman est assurément une très belle découverte !
Lucie Paye, Les cœurs inquiets, Gallimard, 152 p.
Photo : Lucie Paye ©Jeanne de Mercey
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