Des gens comme eux de Samira Sedira, publié aux Editions du Rouergue, est le sanglant récit d’un homme qui sombre dans la folie meurtrière.
Anna et Constant forment un couple ordinaire. Ils vivent dans un petit village, Carmac, ils ont deux petites filles, quelques amis fidèles et un quotidien somme toute banal. Cela c’était avant l’arrivée des voisins, les Langlois. Les Langlois éveillent de prime abord la curiosité. Pourquoi viennent-ils s’installer dans cette région montagneuse ? Qui sont-ils ? Puis la fascination prend le pas. D’abord pour ce chalet immense qu’ils font construire, juste devant la modeste maison de Constant et Anna. Puis, c’est le ballet des belles voitures luxueuses, enfin des fêtes fastueuses où sont conviés les villageois.
Les Langlois semblent à l’aise partout et avec tous, surtout le mari Bakary qui se veut rassurant et amical. Au fil des semaines, Constant et Bakary s’apprivoisent. Une complicité naît. Les deux hommes passent beaucoup de temps ensemble. Et pourtant Constant semble toujours sur ses gardes, méfiant, envieux, ce qui ne l’empêchera pas malgré tout de confier les économies de ses parents à Bakary. Bakary est sur un coup, il va aider Constant à s’enrichir. Les autres copains du village ont déjà investi. Est-ce le début d’une nouvelle vie ?
Passer du côté obscur
Une ellipse de temps et nous voilà au procès de Constant. Condamné pour quintuple meurtres. Pourquoi a-t-il explosé au point de s’introduire dans le chalet et tuer de sang-froid d’abord les trois enfants puis le couple Langlois ? Quel est son motif ? La jalousie ? Le racisme ? Bakary est noir, mais cela ne semble pas être un mobile pour Constant. Ce qu’il ne supporte pas c’est de le voir parader avec sa vie parfaite, sa famille idéale, sa richesse étalée aux yeux de tous. Et puis il y a cet argent qu’il lui a confié et que Bakary refuse de rendre. Que cache Bakary ?
Samira Sedira s’est inspirée d’un fait divers pour décrire son histoire vraisemblable et glaçante. Elle a su capter avec justesse l’ambiance d’un village. Les méfiances et les peurs qui enferment. Elle creuse les apparences et met le doigt là où ça fait mal. Le texte est raconté depuis le point de vue de Anna ce qui donne une dimension encore plus forte au texte. De manière chirurgicale, elle essaie de comprendre les éléments qui lui ont échappés et retranscrit fidèlement les scènes au tribunal ainsi que sa descente aux enfers.
Un roman puissant par sa densité, son écriture serrée, la description des personnages vus à travers les multiples failles. Un sentiment d’inquiétude nous parcourt tout au long de la lecture sans pour autant réussir à refermer le livre.
Photo : Samira Sedira © Sabrina Mariez
Samira Sedira, Des gens comme eux, Editions du Rouergue, 144 p.