Le travail de Laurie Dall’Ava est actuellement présenté à l’occasion d’une exposition personnelle à la Maison Salvan à Labège. Archives sauvées des eaux est à voir jusqu’au 14 mars 2020.
Rituels chamaniques, cérémonie du feu, soin des corps… Le travail de Laurie Dall’Ava projette vers un ailleurs, aussi bien dans le temps que dans l’espace, là où le rapport au corps et à la spiritualité sont différents de sous nos latitudes.
En premier lieu les images tiennent place de jalons, de squelette, dans cette exposition et dans le travail de l’artiste. Il y a les images dont Laurie Dall’Ava est l’auteure mais aussi les images qu’elle collecte depuis une dizaine d’années sous le nom de « Documentation Anesthésie » et qu’elle active au gré de ses expositions.
On retrouve ainsi à la Maison Salvan une photo datant de 1910 et montrant une cérémonie du feu aux Philippines (Ceremony of fire). Laurie Dall’Ava « anesthésie » ces photographies en modifiant leur grain, en floutant, zoomant pour mieux déliter les sensations de douleurs, le danger. L’interprétation de ce qui est à l’image s’ouvre et il semble, dans le même temps, être montré tout et son exact opposé. Ainsi le zoom sur l’image Seringueiro nous fait douter de l’intention du geste que l’on y voit. Pharmakon réalisée en 2018 par l’artiste nous montre deux ampoules en verre (celles utilisées par la pharmacie), qui de la même façon révèle un paradoxe car on ne sait si leur contenu est remède et/ou poison.
Ce travail de l’image est poussé à l’extrême dans Partitions où la photo Ceremony of Fire est réduite à son minimum, transformée en données indéchiffrables, en un langage, rythmé, scandé, en la captation d’un pouls. Il ne reste de la photo d’origine qu’une vague réminiscence de la forme des bûches de bois, grâce aux plaques de verres. Nous sommes entrés au cœur de l’image.
Les objets présentés trouvent leurs origines de la même façon que les photographies. Issues d’une collection personnelle agrandie au fil des voyages ou fabriqués, leur présence silencieuse interroge sur leur fonction, leur symbolique et là aussi la polysémie met notre imaginaire en action.
A quoi a pu servir ce nerf de boeuf torsadé ? Dans quel lieu, à quelle époque et avec quelles croyances ? Pourquoi ressemble-t’il, aujourd’hui, à un morceau de bois ?
Enfin, si le corps est uniquement présent par bribes, l’énergie du vivant est pourtant partout. La force vitale, parfois si mystérieuse et fragile, est omniprésente dans ce travail qui grâce aux interstices que libère Laurie Dall’Ava produit en nous des images et des récits.
Les prochains rendez-vous à la Maison Salvan :
– Samedi 29 février à 10 h 30 : « Rendez-vous des familles », découverte ludique de l’exposition par l’échange et la pratique en atelier avec la chargée des publics et des médiations de la Maison Salvan.
– Samedi 7 mars à 11 h : « Croisons les regards sur l’exposition », Marion Viollet (docteure en arts plastiques et médiatrice) vient apporter un regard sur l’exposition de Laurie Dall’Ava et dialoguer avec le public et l’équipe de la Maison Salvan.
– Samedi 14 mars à 17 h : « Découvrons l’exposition » avec le responsable de la Maison Salvan.