INTERVIEW – Frédéric Lenoir publie La consolation de l’ange chez Albin Michel, un roman émouvant qui fait réfléchir sur le sens de l’existence et la beauté de celle-ci.
Hugo et Blanche se rencontrent dans une chambre d’hôpital. Hasard ? Coïncidence ? Destin ? La suite de ce conte philosophique nous le dira. Hugo est un jeune homme déprimé qui a tenté de mettre fin à ses jours. Hors de danger, il est installé dans la même chambre que Blanche, joyeuse dame âgée en fin de vie. A priori, rien ne pourrait les rapprocher, ni leur vie, ni leur caractère. Or, un dialogue va s’installer entre les deux inconnus. Blanche interroge Hugo qui ne trouve plus de sens à sa vie. Et voilà que la curiosité du jeune homme s’éveille face à cette énigmatique femme qui semble avoir eu une vie extrêmement riche. Une vie qui, pourtant, est semée de souffrances. En effet, Blanche a connu la guerre, Auschwitz, d’où elle s’est miraculeusement délivrée. Ce que Blanche a retenu de tout cela, c’est l’importance, la fragilité mais aussi la beauté de la vie.
Les thèmes développés sont nombreux et riches d’enseignement. Fréderic Lenoir évoque la spiritualité, la mort, l’espoir, l’amour, la liberté, etc. Le regard porté sur cette rencontre n’est pourtant pas teinté d’angélisme, car il aborde de front les difficultés les plus atroces de la vie. Le message se veut universel et percutant. Et le texte est fort, puissant, il fait réfléchir et offre une leçon de vie lumineuse tout en rappelant l’importance du dialogue, de la parole, des échanges et ce malgré les différences âge ou d’expériences.
Entretien avec Frédéric Lenoir
1/ votre roman narre la rencontre entre Blanche, une personne âgée pleine d’espoir et de sérénité, et Hugo, jeune homme désabusé et déprimé. Pourquoi opposer ces deux visions intergénérationnelles de la vie ?
Parce que je rencontre de plus en plus de jeunes désabusés, déprimés, qui fuient dans le monde virtuel (jeux vidéos, internet, drogues) échapper à une vie et à un monde qui leur fait peur. A l’inverse, je connais nombre de personnes âgées qui ont vécues de grandes épreuves et qui aiment profondément la vie.
2/ Blanche, en dépit de sa souffrance passée, transmet de nombreux messages positifs et d’ordre spirituel. Pensez-vous que la spiritualité peut apporter de l’espoir face aux difficultés de la vie ?
Bien entendu ! Car la spiritualité c’est la vie intérieure. Plus nous nourrissons notre vie intérieure par des lectures, des réflexions, des temps de prière ou de méditation, par la contemplation de la nature etc. mieux nous sommes capables de traverser toutes les épreuves de l’existence et surtout d’apprécier et de savourer la vie.
3/ Blanche ne juge jamais Hugo qui, malgré ses réticences, finit par s’ouvrir à l’amour. Pour vous, est-ce que les jugements enferment et détruisent les liens ?
Oui. C’est pourquoi Jésus répète sans cesse : « Ne jugez pas ! » Le jugement, sur nous-mêmes et sur les autres, nous coupe de l’amour. Acceptons d’être faillibles et que les autres le soit. Et bien souvent nous jugeons les autres à partir de ce que nous n’acceptons pas ou refoulons inconsciemment chez nous.
4/ En une phrase quel message devrions nous retenir ?
Que le chemin de la vie, c’est de passer de l’inconscience à la conscience et de la peur à l’amour.
Sylvie V. (entretien réalisé avec Dominique Terral & Sébastien Milan)
Photo : Frédéric Lenoir © Pascal Ito