À l’occasion des 90 ans de sa présence à Toulouse, la Società Dante Alighieri, en partenariat avec « RADICI – Revue d’actualité, culture et langue italiennes » qui a conçu et produit le spectacle, présente la pièce « Les Ritals » à l’auditorium de Saint-Pierre des Cuisines. À travers le regard de l’enfant François Cavanna, au prisme de l’adaptation et de l’interprétation de Bruno Putzulu, au travers de la mise en scène de Mario Putzulu, au fil du langage musical de l’accordéoniste Grégory Daltin, nous suivons le fil de l’immigration italienne de l’entre-deux-guerres et l’amour filial d’un enfant fils d’immigré italien et d’une mère française.
Au centre une table à manger. Une toile cirée. Trois chaises – celles du père, de la mère et de l’enfant -, figures de l’intimité, de la maison, du foyer.
A gauche, en suspension, pris dans le noir, le bleu de travail de Luigi – figure du père, de sa présence, sa prégnance même.
Et tout le reste est rempli d’espace, de distances, celles qui laissent une place à l’imagination.
Prenant la place du petit François Cavanna qui a grandi pendant l’entre-deux-guerres à Nogent-sur-Marne, dans la rue Sainte-Anne peuplée d’immigrés italiens, Bruno Putzulu, en connivence avec l’accordéoniste Grégory Daltin qui signe la musique originale de la pièce et occupe une place essentielle, adapte au théâtre Les Ritals, le texte plein d’humour et de tendresse dans lequel le célèbre écrivain, journaliste et dessinateur aux magazines Charlie Hebdo et Hara Kiri rend hommage à Luigi, son papa immigré italien, maçon, dur à la tâche, intègre, drôle, et débordant de tendresse pour ceux qui l’entourent.
L’épure de la mise en scène par Mario Putzulu laisse présager qu’il n’est pas seulement question d’un récit individuel situé (dans une époque, dans une culture, dans une trajectoire individuelle). Dans les yeux de l’enfant qui grandit, l’adaptation théâtrale des Ritals raconte et fait sentir l’universel : le sentiment d’enfance, l’idée de l’amour filial, l’immigration.
Dans ce seul en scène, B. Putzulu incarne une diversité des personnages – François, le père, la mère – joue de la langue argotique de l’auteur, roule les « r » comme c’est pas possible, chante Tino Rossi, Edith Piaf, donne vie aux scènes d’époque, nous fait éprouver les moments de bonheur dans un environnement social et économique difficile.
Enfance. Amour filial. Le jeune François admire son papa, un homme simple, bon, généreux, touchant, capable de réparer les mètres cassés, avec ses poches qui recèlent un tas de petites pièces et d’objets insolites. Il part avec lui en balade, lui serre fort la main. Un jour l’adolescent fait l’expérience du bordel, puis de la fugue, tandis que sa maman rêve qu’il devienne fonctionnaire des PTT. Le papa maçon rayonne de toute sa tendresse : celle qui est capable d’effacer la misère, rempli l’existence de ce qui compte vraiment : l’amour, le rire, le partage.
Immigration. À travers le regard de l’enfant François Cavanna, au travers de l’interprétation de ce regard par Bruno Putzulu, nous suivons le fil de l’immigration italienne de l’entre-deux-guerres : l’accent qui marque l’étranger sur cette nouvelle portion d’espace où il tente d’installer sa vie, mêlant sa culture à celle des autres, le travail acharné du père de famille pour un salaire de misère, puis la crise, le chômage et très vite les immigrés italiens qu’on accuse de piquer le travail des français.
Je suis peu au fait des détails de l’histoire de l’immigration et de la culture italiennes. Et pourtant. Pourtant cette histoire-là, telle qu’elle est racontée, me touche comme si c’était la mienne. Elle me fait sentir, elle me fait vivre, et non pas seulement comprendre, ce que ce doit être d’être immigré, d’installer sa vie dans un ailleurs. L’adaptation des Ritals à la scène raconte une histoire : l’enfance et l’adolescence d’un fils d’immigré italien et d’une mère française, dans un milieu social modeste. Mais elle contient l’Histoire : celle des hommes, d’hier et d’aujourd’hui, qu’ils soient italiens ou d’une autre origine, quittant leur territoire, leur maison, pour vivre ailleurs une vie meilleure … et celle des hommes qui ont été des enfants. Une vibration singulière se détache de toutes ces scènes : celle de la sincérité. Et l’idée peut-être que la misère nous déleste de tous les filtres d’attachements qui peuvent se poser entre soi et l’autre.
Rendez-vous le 12 octobre à 20h30 à Saint-Pierre-des-Cuisines, Toulouse.
Réservations :
– Società Dante Alighieri – Tel : 07 66 03 82 72
– Box Office – Tel : 05 34 31 10 00
– Par Internet : https://www.box.fr/…/les-ritals-saint-pierre-des-cui…/202871
– RADICI – Tel 05 62 17 50 37
Billetterie en Ligne Les Ritals
Les Ritals
samedi 12 octobre 2019 à 20h30 • Saint-Pierre des Cuisines