Monica Sabolo publie Eden chez Gallimard. Entre réalité et fantastique, ce roman est absolument envoûtant. Un vrai coup de cœur en cette rentrée littéraire.
Après l’excellent Summer publié chez J.C Lattès, Monica Sabolo nous plonge à nouveau dans une histoire où se mêlent jeunes filles à la dérive, disparitions et autres éléments plus que troubles.
Nita, quinze ans, vit seule avec sa mère dans une réserve. Le lieu n’est pas défini mais évoque les paysages vastes et étendus de l’Amérique ou du Canada. Sa vie semble plus ou moins ordinaire jusqu’à l’arrivée de Lucy. Le même âge, Lucy est énigmatique. Elle suscite curiosité et jalousie. Lucy aime se promener dans la forêt, elle dit entendre des esprits. Pour Nita, c’est le contraire, la forêt la terrorise. N’est-ce pas elle qui a capturé son père trois ans auparavant ? Car il se passe des choses plus qu’étranges là-dedans, et même des drames. Une nuit Lucy est retrouvée nue et blessée au pied d’un arbre. En état de choc la jeune fille se terre dans le silence.
Les esprits de la forêt
Que se passe-t-il dans la forêt ? Qui a fait du mal à Lucy ? Une enquête est ouverte mais piétine. Personne ne sait rien et n’a rien vu. On parle d’animaux étranges, de cris, de cornes, de plumes, de monstres qui hanteraient la forêt et terroriseraient la population. Des hommes venus d’une exploitation forestière pour détruire la forêt se font attaquer, griffer, mordre. Nita a peur mais veut comprendre. Alors, à son tour, elle pénètre dans cette autre dimension. Celle où la justice doit se faire, celle où la réalité combat les chimères de l’adolescence.
Eden sorte de paradis sombre corrompus par la violence et les désirs libidineux raconte l’histoire d’un monde invisible, énigmatique, onirique parfois. Le monde de l’adolescence avec tout ce qu’il contient de sauvage, d’instinctif, de découvertes. Violence et désir. Brutalité et amour.
Monica Sabolo écrit sublimement bien. Une écriture classe, élégante, poétique. Les phrases sont travaillées, choyées, vertigineuses souvent. Exit le lecteur qui veut de la littérature simple, des clichés ou des bons sentiments. Monica Sabolo a le verbe noble, la prose enchanteresse. Une fois lové dans son univers et son écriture, la lecture devient voyage, frissons et émotions garantis.
Monica Sabolo, Eden, Gallimard, 288 p.
Photo : Monica Sabolo © Francesca Mantovani