Chanteur, auteur, compositeur, Arthur H est aussi un écrivain, il nous le prouve avec son premier roman, Fugues, publié aux Editions Mercure de France.
De la fantaisie, dans le roman d’Arthur H, vous en trouverez à foison et ce dès l’incipit avec un dialogue savoureux entre lui et Jean-Sébastien Bach. Imaginons Arthur H dans une roulotte, seul, perdu, isolé quelque part dans la nature. Le silence environnement. Les pensées et les rêveries qui commencent à surgir. Puis la musique. Celle du génie Bach et de ses non moins célébrissimes Fugues. Enfin, ce sont les souvenirs et les récits qui s’installent dans la mémoire d’Arthur H.
Choisir l’errance
Nicole Courtois est née en 1940 dans la banlieue d’Argenteuil. Avant d’être la compagne de Jacques Higelin et la mère d’Arthur, Nicole est une jeune fille fantasque, nourrie d’idéaux, de rêves, d’espoirs. Elle le sait, tout cela va à l’encontre de l’époque et de son milieu ultra conservateur. Mais Nicole n’y peut rien, elle se sent prisonnière, condamnée à subir un monde qu’elle refuse. A s’y tenir muette, sans choix. Ils sont plusieurs à penser comme elle. Ses nouveaux amis, des marginaux qui rejettent les codes de la société ultra-codifiés. Très vite, ils évoquent l’idée de partir, de fuguer. Nicole a 18 ans et un petit copain qui, comme elle, aspire à plus de libertés et moins de rigidité. Le groupe décide de construire un radeau. Ils iront jusqu’à Tahiti et créeront leur société idéale. Nicole laisse une dernière lettre et les voilà partis… mais jusqu’où ira leur aventure ?
De mère en fils
Si la soif de liberté est héréditaire, on peut affirmer qu’Arthur H a attrapé le virus. Et l’histoire va se répéter. Arthur a 15 ans et lui aussi ne trouve pas à sa place, en France, au lycée, dans cette société de consommation. Le remède à cela, il l’a sûrement dans les veines : la fugue. Arthur profite de vacances en Guadeloupe avec son père et Coluche pour organiser son escapade. Au moment du départ, il disparaît. Il ne rentrera pas en France. Dans une lettre, il expliquera son choix comme sa mère l’a fait bien des années avant lui.
La fugue est ici le fil conducteur de ce récit hautement poétique qui touche par sa sensibilité et sa clairvoyance sur le monde environnant. Elle n’est pas un simple acte de rébellion ou de détresse, mais elle montre la force de caractère des protagonistes. De leur amour d’absolu et de leurs questionnements qui ne peuvent prouver d’écho qu’en se confrontant à eux-mêmes. Au-delà de l’écriture qui a quelque chose d’envoûtant dans ces descriptions et narrations, le livre est très esthétique – les documents personnels de l’écrivain y sont pour beaucoup. Ce premier roman est, il est évident, une ode à la beauté.
Arthur H, Fugues, Mercure de France, 192 p.
Photo : Arthur H © Francesca Mantovani
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