Dans la littérature germanique, le Wanderlust exprime l’envie d’un ailleurs, de dépasser les limites de son propre monde.
C’est le thème qu’a choisi de questionner l’artiste plasticienne et écrivain Eva Kristina Mindszenti, dans une exposition d’œuvres graphiques présentée au Château de Launaguet.
On y retrouve tout ce qui fait la spécificité de son travail pictural et littéraire depuis bientôt vingt ans : une hypersensibilité, le goût du mystère, l’utilisation de l’intime pour exprimer l’universel, des clairs-obscurs à la Caravage ou une lumière à la Rembrandt.
Nous avons discuté avec elle de cette véritable invitation à l’exploration.
Comment est née cette exposition ?
Il y a peut-être deux ans, j’ai entamé un travail sur le thème du cheminement, dans le fond, très différent de celui-ci. C’était un projet descriptif, presque topographique, très cadré dans la forme : toutes les œuvres avaient le même format panoramique, la narration était resserrée. J’ai finalisé une quarantaine d’œuvres, tout en continuant à créer d’autres images, apparemment sans rapport. Quand j’ai commencé à penser à l’exposition de ces œuvres, à leur sélection, à leur articulation, j’ai réalisé que le projet initial gagnerait en fond et en force à être mixé avec des images que j’avais créées hors de ce contexte, à côté, et même, que j’avais réalisées avant. Mais cela modifiait la nature de l’entreprise. En prenant du recul, la notion de Wanderlust s’est imposée d’elle-même, et tout est devenu très clair, le récit, la scénographie. Il y eut, pour moi-même, un effet de surprise.
C’est important la surprise, le hasard, dans un travail artistique ?
C’est primordial. Mais c’est plus retors que ça n’en a l’air. Car si on regarde les choses de près, les hasards sont choses communes, quelle que soit la discipline : la photographie, le dessin, l’écriture… l’imprévu, la tâche d’encre qui surgit ou le lapsus qui jaillit, c’est très banal. Il faut donc une bonne maîtrise de sa pratique pour savoir différencier le hasard utile de l’inutile, se l’approprier vraiment et l’élever au-delà de sa simple nature. Transformer un signifiant probable en signifié certain requiert du métier qui, lui, ne tient rien du hasard. Disons qu’à mon sens, accomplir un travail artistique demande au moins deux qualités : l’amour du travail et une aptitude à laquelle je ne trouve pas de nom, qui serait un mélange d’intuition et d’humilité.
Quels sont vos prochains projets ?
J’ai un projet qui comprend tous les autres : explorer de nouvelles formes d’expression. L’apprentissage est nécessaire, tout au long d’un parcours, faire évoluer sa pratique me semble primordial, et à certains moments, encore plus qu’à d’autres. Que l’idée du Wanderlust soit venue me chercher n’est, finalement, pas un hasard.
Château de Launaguet • Salle de l’Orangerie
Wanderlust • Eva Kristina Mindszenti
du 24 mai 26 mai 2019 • Vernissage le jeudi 23 mai à partir de 18h00
L’artiste sera présente pour faire découvrir l’exposition aux visiteurs le vendredi 24 mai de 15h à 18h, et les samedi et dimanche 25 et 26 mai de 14h à 19h.