La 25è édition du Festival Rio Loco ! a décidé de frapper un grand coup. Sous l’égide de son Directeur artistique Hervé Bordier, avec le soutien entier d’Arnaud Hamelin, Directeur des Musiques, le festival va en effet, du 13 au 16 juin 2019, s’offrir une escale qui mettra en avant uniquement La Voix des Femmes, dans ce site hors-pair que constitue la Prairies des Filtres, ou dans plusieurs autres dits Dans la ville.
Choix délibéré que celui de faire porter les compositions, quelles qu’elles soient, par les différentes caractéristiques vocales féminines qui inviteront au voyage vers ces musiques du monde des quatre coins de la planète. Une programmation dans laquelle se succèderont femmes artistes, chanteuses, compositrices, poètes, plasticiennes, musiciennes du monde. Toute une harmonie musicale tournée vers la liberté, la sérénité et la sensibilité pour juste, peut-être, mieux faire s’entendre et s’écouter hommes et femmes.
De tout temps, le chant a été auréolé de merveilleux et paré de pouvoirs magiques : que l’on songe, dans notre mythologie, aux sirènes de l’Odyssée, dont la voix détournait irrésistiblement les marins de leur route, ou à Orphée, dont le chant charmait toutes les créatures. Il paraît évident que la voix humaine, plus que tout instrument créé par l’homme, soit susceptible de déchaîner chez l’auditeur des passions inouïes. Tandis que la musique est partout, au centre des relations de l’homme à Dieu et aux dieux. Que dire alors de ceux qui la bannissent ?
Mais Rio Loco, ce n’est pas qu’un certain nombre de rendez-vous Prairie des Filtres. C’est aussi une multitude de rencontres Dans la ville, du 25 mars au 16 juin, avec nombre d’artistes, des concerts souvent gratuits, des conférences, des expositions. On démarre avec Dafné Kritharas et ses chants de la Mer Égée et de séfarades balkaniques, des chants très métissés, accompagnée par quatre instruments. Un soir de mai, c’est un bain dans le style des musiques d’un “Almodovar“ avec Boleros cubains et mexicains, tapis sonores de love songs interprétés par la chanteuse argentine Diana Baroni accompagnée par la pianiste réunionnaise Valérie Chane Tef. L’Argentine est bien là avec le duo Aguamadera se consacrant à cette musique folklorique sud-américaine racontant l’histoire et les traditions d’un continent où se mélangent racines indigènes et influence européenne coloniale et africaine.
Les lieux qui vous attendent pour découvrir comment s’entremêlent toutes ces musiques et chansons, comment ces populations qui migrent se déplacent avec leurs textes, leurs sons, leurs instruments, viennent à la rencontre de populations qui ont, elles-mêmes, leurs musiques, leurs…Des brassages multiples dont les résultats vous sont offerts par tous ces artistes passionnés dans des lieux comme la Médiathèque Saint-Cyprien, ou celle dite José Cabanis ou Serveyrolles ou Rangueuil, le Metronum.
Mais vous pourrez aussi déambuler Quartier Saint-Cyprien sur des musiques et danses populaires sous emprise brésilienne, tout cela grâce à la générosité sans bornes ni frontières des Femmouzes T ainsi que les Sardinas da mata et pour démarrer les performances tout-terrain, les chants, les danses et percussions des Maracatu Amanita Muscaria. Ça va s’agiter Rive gauche et le Jardin Raymond VI risque fort d’afficher complet.
La Bibliothèque Pinel vous réserve quelques surprises avec le Wonder Brass Band et ses quatre musiciennes et chanteuses qui vous joueront du trombone, du sax soprano, de la grosse caisse, des percus, et même du soubassophone ! sorte de tuba ou d’ophicléide, cuivre pas banal du tout. Ce sera latino, ou jazzy, ou funky avec des arrangements originaux et des “compos“ personnelles. Et le lendemain 16 juin, vous n’aurez plus qu’à courir à la Médiathèque José Cabanis pour voir et surtout entendre un autre quartet féminin, le Banan’n Jug, un jug band de quatre chanteuses qui donne dans le dirty blues, mais si ça existe, la calypso swing, ……avec des instruments évidemment appropriés et donc, banjo, ukulélé, kazoo, percussions, contrebasse, washboard. Réjouissant, rafraîchissant.
Vous l’avez compris, Rio Loco ne se contente pas des bords de Garonne. Avant de citer quelques rencontres, signalons le concept Arts visuels et Village culturel dans lequel vous aurez tout loisir d’admirer l’expo sur totem de Stéphanie Ledoux, créatrice de l’affiche qui fait le tour du monde, cette passionnée de voyages et de dessins, née et travaillant à Toulouse. Admirer encore le travail de Margot Guillet, jeune illustratrice en tous domaines, à l’origine de la grande œuvre collective présentée. Un petit détour pour voir à l’œuvre le photographe Jean-Marc Aspe et la sérigraphe Laurie Marin du Collectif Frissons & Hanneton, sans oublier d’investir dans un ouvrage de la librairie indépendante Terra Nova, histoire d’oublier quelque instant un certain Amazon.
Retour enfin aux trois scènes habituelles soit, la Scène Garonne, la Scène Village, et enfin LA Scène Pont-Neuf. Certains artistes ne seront pas présents, leur desiderata financier étant hors de portée des possibilités de Rio Loco ! mais, il y a tous les autres et ils sont pléthore.
Tenez, le samedi 15, vous aurez à 23h 30, Jeanne Added, chanteuse française aux deux Victoires de la musique 2019, « artiste féminine de l’année » et, avec son second opus “Radiate“, dans la catégorie “album rock de l’année“. Sa voix supporte, dit-on, tous les qualificatifs. Chanteuse passée par une formation classique au chant et au violoncelle, le feu follet incandescent a sûrement trouvé sa voie artistique dans ce rock sombre, minéral, teinté de post-punk et de new-wave : l’auteure-compositrice-interprète effleure les sommets.
Pour démarrer sur la Scène Pont-Neuf, le jeudi 13, c’est toute la Jamaïque avec Jah9 & The Dub Treatment et leurs performances reggae, la chanteuse aux textes poétiques et sensibles entourée de son groupe au piano, batterie et basse pendant qu’au loin, résonneront les accents de Lisa Simone, digne fille de sa mère Nina Simone et présente sur les plus grandes scène de festivals de jazz, ou ceux de la formation Al Akhareen qui associe dans un duo insolite la flûte traversière de la franco-syrienne Naïssam Jalal au rappeur beatboxer palestinien Osloob dans un jazz rap émancipé.
Le dimanche 16 à 18h sur la Scène Village, Pulcinella, le quartet toulousain s’allie avec Maria Mazzotta, une puissante voix italienne venue des Pouilles, pétrie de folklores méditerranéens. Une façon de retrouver les fameuses tarentelles, des sonorités albanaises au delà de l’Adriatique. On vagabonde allègrement entre Toulouse, Tirana et Lecce, aidés en cela par la voix si fabuleusement expressive de Maria, et les sons tirés de batterie, contrebasse, accordéon, orgue Elka, saxo, flûte, et tambourin. Quel mix !
Le vendredi 14, il faudra courir de la Scène Village dite Sacem (partenaire officiel) pour entendre Moolight Benjamin, chanteuse haïtienne qui a posé ses valises à Toulouse depuis une quinzaine d’années, et qui dans son dernier album « plonge toute la tradition vaudou haïtienne dans une marmite bouillonnante de blues rock américain des années 70 », courir donc jusqu’à la Scène Pont-Neuf pour écouter la rappeuse, poétesse, romancière et dramaturge anglaise Kate Tempest, un rap engagé, intime et sombre, voire rageur. L’artiste est très engagée ! Un peu de hip-hop par les trois sœurs Haïm juives yéménites formant l’ossature du groupe A-Wa distillant cette stupéfiante alchimie de chants yéménites traditionnels habillés de pulsations électroniques, et on reste au Pont-Neuf pour Ibibio Sound Machine, le choc des éléments, entre les sonorités africaines de cette ethnie du Nigéria et les rythmes électroniques d’un post-punk mâtiné d’électro moderne : une véritable machine afro-disco à “ambiancer“.
Fin de festival le dimanche 16 à 21h15, avec Angélique Kidjo, la franco-béninoise. Entourée de ses invités, et tout en conservant pleinement son identité musicale elle va rendre un vibrant hommage à Celia Cruz, la reine de la salsa, disparue en 2003. Celle qu’un grand magazine américain a qualifié de « première diva africaine » souhaitait fort se produire sur la scène de Rio Loco. C’est chose faite. Avec sa série d’invités de haut-vol, elle saura une fois de plus jeter un pont entre les afriques, les amériques, les caraïbes, la féminité bien sûr et la contemporanéité.
Billetterie en ligne du festival Rio Loco
Rio Loco • La Voix des Femmes
du 13 au 16 juin 2019 • Toulouse
Crédit photos : Rio Loco © Patrice Nin • Angélique Kidjo © Omar Victor Diop • Boleros & Love Song © Mary Lastérisk • Aguamadera © Alejandra Rovira Ruiz • Femmouzes T @ Patricia Huchot-Boissier • Wonder Brass Band © Jean Lefranc • Banan’n Jug © Sylvain Letuvée • Frisson & Hanneton © Frisson & Hanneton • Stéphanie Ledoux © Eric Lafforgue • Jeanne Added © Julien Mignot • Lisa Simone © Philip Ducap • Pulcinella et Maria Mazzotta © Lionel Pesqué • Moonlight Benjamin © Jacob Crawfurd • Kate Tempest © Ben Quinton • A-wa © Ben Kirschenbaum • Angélique Kidjo © Omar Victor Diop
Affiche : Stéphanie Ledoux