À peine commencé et c’est déjà le bilan qui se profile pour cette première saison des “Musicales franco-russes“ qui auront été marquées par le point fort que constitue la venue pour trois soirées du Théâtre Bolchoï de Russie, Orchestre et Chœur et solistes de l’Opéra, invités par les Grands Interprètes.
Avant de dire quelques mots sur l’opéra de Tchaïkovski donné en version concert, signalons mes articles en annonce sur les trois soirées consacrées à la troupe du Bolchoï, à savoir :
Pour les Chœurs, cliquez ici
Pour Pique dame, cliquez ici
Pour Ivan le Terrible, cliquez ici
La démonstration concernant le Chœur ne nécessite aucun étalage tellement on reste coi devant le résultat. A cappella, la machine que dirige Valery Borisov, chef de chœur, est parfaitement huilée ce qui n’empêche en rien l’émotion. Et comme le programme est intelligemment fait, on passe des Chants Liturgiques en première partie aux Chansons populaires russes avec un égal bonheur. Le public s’incline devant un tel travail et manifeste son enthousiasme avec chaleur. Pour ceux qui pensent aux deux soirées qui suivent, on se dit qu’il n’y a bien sûr aucune crainte à avoir pour les interventions des masses chorales.
Ce fut d’abord le cas avec ce chef-d’œuvre de Piotr-Ilyitch que représente La Dame de pique. Pouchkine d’abord et surtout Modeste, le frère cadet, lui ont offert un livret de luxe sur lequel il a composé une partition d’opéra éblouissante. Pour ma part, j’avoue humblement l’avoir redécouverte. Est-ce le fait de donner l’ouvrage en version concert ? Sûrement, car on a l’impression de baigner dans une sorte d’euphorie musicale, l’Orchestre étant d’une efficacité redoutable, tous pupitres confondus, mené par un chef, maître des sens et des émotions. Les chœurs sont de même, et le plateau sans reproche, ce pourquoi on ne citera personne, tout en signalant tout de même que le rôle « impossible » d’Hermann est parfaitement tenu, tout comme celui de Lisa, et que nous avons eu une Comtesse…qui chante ! et très bien aussi en français ! Tchaïkovski écrivait en son temps : « Je suis russe, russe, russe jusqu’à la moelle des os. » Avec lui, disons que cet opéra, on ne peut plus russe, fut interprété par un ensemble, on ne peut plus russe.
L’osmose entre l’œuvre et les musiciens et les choristes et les chanteurs et le chef à la manœuvre fut totale. Du 5 étoiles Palace.
Profitons-en pour enfoncer le « clou d’or ». Le lendemain, c’était Ivan le Terrible de Nikolaï Rimski-Korsakov. Idéal pour comprendre, grâce à cette version concert, ce que l’on peut appeler une partition d’opéra. C’est un véritable ruissellement musical rendant les passages plus calmes et même silencieux…musicaux !! Ils sont 80 choristes aux interventions “divines“, ils sont près de 80 musiciens sous les ordres eux aussi de l’Impérator Tugan Sokhiev. Les solistes sont irréprochables : Ivan est la basse qu’il faut, le Prince, père adoptif, aussi, l’amoureuse Olga et son amoureux de ténor forment un couple idéal, le baryton qui la voudrait est sans reproche, côté voix, etc… on ne peut que s’incliner devant l’ensemble.
Il est évident que ces trois jours placés sous les feux du Bolchoï de Russie ne peuvent que hisser sur la plus haute marche celui qui en est le Directeur musical depuis 2014, Tugan Sokhiev. Il nous avait déjà amenés ici même la troupe pour l’opéra La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski en 2015. Cette trilogie de l’institution moscovite qu’il a souhaité est une réussite qui, malheureusement ! nécessite une suite dans le cadre de ces Musicales franco-russes donc une saison II !! Les responsables et différents partenaires peuvent être satisfaits.
Enfin, autre satisfaction avec les surtitres très lisibles sur des écrans installés pour l’occasion et qui ont été d’une grande utilité pour ceux qui ne connaissaient guère les ouvrages présentés.