Captain Marvel, un film d’Anna Boden et Ryan Fleck
Le buzz autour de ce film tourne sur la présence au scénario d’un premier rôle féminin enfin distribué par l’une des plus grandes firmes mondiales du cinéma, le Marvel Cinematic Universe (MCU).
Dans l’absolu, on ne peut qu’applaudir. Dans l’absolu seulement parce qu’à y regarder de plus près, le film en question, un blockbuster, ne tient pas vraiment la route au regard de ses homologues.
Le scénario, selon un principe de prequel, nous met dans les pas de Carol devenue Captain Marvel. Vous faire son historique relève d’une thèse de 3ème cycle en heroïc fantasy car ce personnage de super-héros, dans son histoire ancienne, est mort, puis ressuscité, puis a changé de sexe avant de changer de couleur. Bref, tout un poème. La voici juste avant de sauver l’univers dans Avengers : Endgame, le mois prochain. Quel boulot ! Pour l’heure, entre manipulation et mémoire défaillante, nous suivons Carol dans les années 90 au cœur d’une histoire bien complexe, surabondamment dosée d’effets spéciaux d’un autre âge. Le scénario, gavé de flash-back, brille par son flou et une dynamique toute relative. L’irruption du comique dans ce genre de production relève d’une vraie virtuosité qui fait défaut ici. Suivant un mouvement général de féminisation, MCU avait « besoin » d’une héroïne. Soit. Encore fallait-il lui prévoir autre chose que de superpouvoirs qui, en la matière, et il faut le reconnaître, défoncent tout ce qui est connu à ce jour. Oscarisé en 2016 (Room de Lenny Abrahamson), Brie Larson (Carol) s’envole ici dans les espaces intersidéraux sans vraiment nous convaincre.
Robert Pénavayre