C’est désormais un rendez-vous bien connu des amateurs d’art contemporain de l’agglomération toulousaine, le salon Artoulous’Expo connaîtra sa 11e édition du 22 au 24 mars à l’Espace Lauragais de Saint-Orens-de-Gameville. Une centaine d’artistes y exposeront leurs œuvres cette année lors d’une manifestation dont le credo est de permettre à tous, initiés ou béotiens, d’aborder l’art sans complexe en favorisant les échanges entre le public et les exposants.
Présentation d’Artoulous’Expo avec son fondateur, Frédéric Pinson-Meilhac.
Frédéric Pinson-Meilhac, d’où vient votre passion pour l’art contemporain ?
Ma petite histoire est somme toute assez banale. Je suis né et j’ai grandi dans un milieu d’amateurs d’art et j’ai fait des études dans ce domaine pour devenir ensuite artiste moi-même. Dans ma famille, nous souffrons de « collectionnite » aiguë ; c’est un atavisme qui se transmet de génération en génération et je n’ai pas échappé à la règle. À un moment de ma vie, j’ai souhaité offrir aux artistes un salon tel que je n’en ai jamais connu lors de la centaine de manifestations auxquelles j’ai participé en tant que peintre. Depuis onze ans, j’organise donc des salons d’art et différentes manifestations artistiques dans la région toulousaine. Le but de ces salons est entre autres de faire connaître ou redécouvrir l’art au plus grand nombre, ce qui n’est pas toujours simple.
Le salon d’art contemporain Artoulous’Expo est organisé par Artoulouse & Co dont vous êtes le fondateur. Quel est l’objet de cette structure ?
J’ai fondé Artoulouse & Co en 2008, une structure qui accueille plusieurs marques de salons. L’idée de départ était de faire de l’accrochage chez le commissaire-priseur Marc Labarbe, place Saint-Aubin à Toulouse, un lieu agréable et convivial. Très vite, ce rendez-vous a eu beaucoup de succès et il a fallu voir plus grand pour faire face à la demande. Ce qui était de l’accrochage est alors devenu du stand. C’est ainsi que les choses ont commencé et que je me suis lancé dans l’organisation de salons d’art contemporain.
Nous étions à l’époque les seuls sur le marché, celui-ci s’étant un peu resserré, et si l’offre est désormais plus variée (autant pour les artistes exposants que pour le public), nous continuons à privilégier un format « épicerie fine » au sens noble du terme, proposant une sorte de circuit court, du producteur au consommateur pour employer une image un peu hardie. Si l’artiste est considéré comme un créateur-producteur, il faut que les amateurs d’art puissent découvrir les œuvres en prenant le temps de discuter avec leur auteur. Le rapport humain reste le facteur-clé pour que l’échange se fasse entre l’artiste et l’acheteur potentiel.
Voilà donc la motivation de départ et l’objet d’Artoulouse&Co d’où sont nés Artoulous’Expo et d’autres manifestations. Il nous est arrivé de monter d’autres salons sur un modèle semblable, avec la même volonté de rassembler le plus grand nombre, près de Clermont-Ferrand et cet été à Sommières, dans le Gard. Prochainement, du 4 au 7 avril au Domaine de Rochemontès à Seilh, nous organisons le salon Art’Gallery qui permettra d’exposer au grand public un ensemble exceptionnel d’oeuvres graphiques du géant de l’art contemporain, Pierre SOULAGES.
Artoulous’Expo se tient cette année du 22 au 24 mars à l’Espace Lauragais de Saint-Orens-de-Gameville. Quel est le programme de cette 11ème édition ?
Le vendredi 22 mars, il va y avoir un vernissage et une remise de prix avec les partenaires qui parrainent ces récompenses : prix de peinture, prix de sculpture, etc. Ces événements ont lieu à partir de 18h30, lorsqu’il y a le plus de monde au salon, soit entre 800 et 1 000 personnes. Ensuite il y a une nocturne qui se termine en général vers 22h. Le lendemain le salon est ouvert de 10h à 20h, le samedi après-midi étant toujours très fréquenté par le public, ce qui permet beaucoup d’échanges avec les artistes. De nombreuses transactions se font à ce moment-là.
Nous avons un « panier moyen » qui se chiffre à 550 euros, ce qui veut dire que les œuvres se vendent entre 200 et 1 300 euros. Au-delà de cet aspect vente d’oeuvres, le salon permet à des gens qui n’en ont pas l’habitude de rencontrer des artistes et de se sentir à l’aise avec eux. Curieusement, les professionnels ne sont pas toujours les plus doués pour créer ce genre d’ambiance propice à l’échange. Vous remarquerez d’ailleurs que le public a souvent du mal à franchir la porte d’une galerie traditionnelle, et que rien n’est fait pour inciter le passant à y entrer…
Dans le cadre du salon, nous avons un rapport radicalement différent à l’art et aux artistes. Il y a d’ailleurs un prix du public, attribué en recensant les votes des visiteurs sur les trois jours de salon. Sa remise a lieu à 16h30 le dimanche, le salon se terminant à 18h30. Juste après, à 17h, nous organisons une tombola dont le gagnant se verra remettre une magnifique affiche datant de 1978, réalisée pour une exposition de Picasso à Vallauris. Il s’agit d’une affiche des éditions Arnera, ça devrait dire quelque chose aux connaisseurs. Cette tombola, en faisant gagner une belle pièce à une personne qui n’est pas forcément collectionneuse, peut lui donner envie d’aller plus loin en modifiant le regard qu’elle a sur l’art.
Qui sont les artistes à l’honneur de cette édition ?
Les artistes que nous recevons sont pour la plupart professionnels et ils sont tous à l’honneur par principe. Cela étant, nous avons toujours un artiste invité d’honneur. Pour cette édition 2019, cet invité d’honneur est Dann, de son vrai nom Daniel Aubert, très bel artiste qui vit à Montpellier. Il travaille l’abstraction en produisant une œuvre proche de celle de Zao Wou-Ki. Dann a une grande maîtrise de sa peinture, il fait de grands formats et des formats moyens et est demandé partout. Nous l’avions déjà programmé précédemment et nous sommes très heureux de le retrouver de nouveau à Artoulous’Expo.
Cette année, il y a une nouveauté puisque nous présentons un espace « Collections privées ». Il met en valeur des visiteurs qui ont la chance de pouvoir collectionner de très belles choses. Ceux-ci sont souvent très discrets, difficiles à identifier mais nous finissons par les rencontrer et à gagner leur confiance au fil des années. En discutant avec eux, nous arrivons à savoir ce qu’ils possèdent. Ça nous permet de montrer au public ce qu’on voit d’habitude dans les musées, même sous forme de sérigraphies, lithographies, etc. C’est déjà très beau à voir et c’est un formidable vecteur de communication pour nous. Autant venir voir de l’art contemporain peut paraître abstrait pour beaucoup de gens, c’est le cas de le dire, autant leur proposer un espace « Collections privées » avec du Picasso, du Dali, du Zao Wou-Ki, du Foujita ou du Soulages donne envie d’aller y voir de près, a fortiori en sachant que l’entrée du salon est gratuite.
À quoi ressemble le lieu de l’exposition : l’Espace Lauragais ?
C’est un espace splendide dont nous avons fait l’inauguration l’an passé lors de notre 10e édition. Son fonctionnement et sa configuration ravissent tout le monde et sa surface de 900m² permet d’accueillir beaucoup d’artistes et de visiteurs. Il y a six mètres sous plafond, un excellent éclairage, des baies vitrées sur tout un côté qui laissent entrer la lumière du jour, une scène pour la remise des prix, un grand bar, des espaces communs… C’est très bien fait et nous sommes vraiment soutenus par la municipalité de Saint-Orens et ses services, ce qui rend possible une installation très performante. L’espace est au cœur de ville de Saint-Orens, presque en face de la mairie. Il est facile de se garer puisque de nombreux parkings se trouvent à ses alentours.
À quel public s’adresse ce salon ? Tout le monde peut vraiment le visiter, y compris ceux qui n’ont aucune initiation ni connaissances dans le domaine de l’art contemporain ?
Absolument, et c’est le but principal d’Artoulous’Expo. L’objectif est de faire que lorsque notre culture familiale, notre histoire personnelle ne nous ont pas permis de croiser le chemin de l’art, nous allons tout de même pouvoir aller vers les œuvres et les artistes, discuter avec eux de façon très simple et très vivante. Ça fonctionne puisque, depuis dix ans, nous recevons entre 4 000 et 6 000 personnes durant le week-end. Chaque année nous notons une hausse de la fréquentation de 15 à 20% avec un véritable renouvellement du public.
Des événements de ce type, avec ce format, laissent aux visiteurs le temps de découvrir et de faire connaissance avec les exposants. Il faut noter que nous excluons tout ce qui est « déco », contrairement à certains salons qui mélangent un peu tout aujourd’hui. Le problème, c’est que dans un tel cadre on ne sait pas qui est qui et qui fait quoi, ce qui amène des artistes à se plaindre d’être noyés dans un fourre-tout. À Artoulous’Expo, nous ne recevons que des créateurs adhérant à la Maison des Artistes et qui sont professionnels. Ils vivent en partie ou totalement de leur art dont ils ont fait un métier. Ils ont donc une expérience, un parcours et des choses à partager avec le public.
Autre événement que vous organisez donc, une exposition de lithographies de Pierre Soulages présentées par la Galerie 21 au Domaine de Rochemontès, à Seilh, du 4 au 7 avril 2019, l’année des 100 ans du grand peintre aveyronnais. Combien de pièces vont être exposées et quel aperçu de l’oeuvre de Soulages vont-elles donner à voir ?
Cet événement a été baptisé Art’Gallery et il rassemble en fait plusieurs galeries. Nous avons eu la chance, avec un certain nombre de collectionneurs qui ont souhaité garder l’anonymat, de nous faire prêter près de 25 œuvres de Soulages. Ce sont des sérigraphies, des lithographies, des gravures appartenant à la période très importante et très intéressante allant des années 1950 à 1975. Nous présentons plus de vingt ans de création et des pièces qui ont l’avantage de montrer l’artiste en mutation. Si on les compare avec ce que l’on connaît de Soulages aujourd’hui, ce qu’il appelle « l’outrenoir », le moins qu’on puisse dire est qu’il y a eu une évolution très marquée.
Il n’est pas aisé de comprendre quelqu’un qui manie au fil de ses œuvres la même matière noire. Même si c’est rythmé différemment, même s’il y a une explication métaphysique, philosophique pour le grand artiste qu’est Soulages, il est nécessaire d’appréhender le chemin qui lui a permis d’aboutir à ce résultat.
Avec les œuvres de cette période 1950-1975, on découvre les autres techniques qu’il a pratiquées. Le visiteur pourra ainsi saisir le long cheminement de l’artiste et toute la variété de cette période, qui apparaît très bien dans ce que nous présentons. Si nous exposons des œuvres multiples comparables à celles du magnifique musée Soulages de Rodez, vous y verrez en revanche des oeuvres préparatoires et, bien souvent, des originaux. Enfin, en parcourant l’exposition SOULAGES au Domaine de Rochemontès, chaque visiteur découvrira différents documents (vitrine de livres, brochures, catalogues et affiches, etc.) permettant de prendre toute la mesure de l’oeuvre de cette légende vivante de l’Art contemporain.
Le Domaine de Rochemontès, ce lieu splendide, avec son grand parc à la française, son château du XVIIe et son orangerie du XVIIIe est certainement l’écrin parfait pour les œuvres de Soulages. Où vont-elles être exposées ?
L’exposition va être installée dans l’orangerie de Rochemontès, au centre de ce magnifique bâtiment de 350 m² avec une hauteur sous plafond de près de 8 mètres. C’est à tous points de vue un lieu extraordinaire pour accueillir une exposition de ce genre. Nous avons imaginé une scénographie minimaliste où tout est fait pour que l’attention soit captée par les pièces exposées. L’oeuvre de Soulages est tellement forte qu’elle se suffit à elle-même. On n’a pas besoin d’en faire beaucoup pour la mettre en valeur.
Salon Artoulous’Expo
du 22 au 24 mars 2019 • Espace Lauragais Saint-Orens
Art’Gallery
du 04 au 07 avril 2019 • Domaine de Rochemontès