Sarah Chiche publie Les enténébrés chez Seuil. Un troisième roman qui met le feu aux passions et à l’histoire familiale.
Elle s’appelle Sarah, comme l’auteur, elle est aussi psychologue et écrivain, comme l’auteur. Mais qu’importent les ressemblances. Sarah, la narratrice, est une femme mariée et maman d’une petite fille. La vie avec Paul, brillant intellectuel, semble douce et heureuse. Puis Sarah se rend en Autriche faire des recherches pour un prochain ouvrage. Ce voyage lui réserve bien des surprises. Sarah rencontre Richard, un célèbre musicien. De retour à Paris, Sarah pense à Richard. Elle ne pense plus qu’à lui, d’ailleurs. Alors elle lui écrit une lettre passionnée.
Une histoire de passion, de chair, de possession envahit et exalte Sarah et Richard. Ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre malgré la distance, la différence d’âge, les contraintes, les conjoints respectifs. Ils retrouvent un souffle nouveau ainsi que la joie des amours secrètes.
Le point de rupture
Une tension habite le texte de bout en bout. Que faire de tant d’émois ? Car Richard le confesse : « nous sommes tous les deux dans un piège dont je ne sais pas comment sortir. » Mais, en vérité, ni l’un ni l’autre ne veut se défaire de ce lien qui devient indispensable. Alors le fil se tisse, s’étire et risque de casser à tout moment. D’autant plus qu’en parallèle de cette passion adultère viennent se greffer tous les démons du passé.
Sarah réveille les troubles familiaux et les traumatismes de son histoire. Un grand-père qui a connu les camps de concentration. Une grand-mère qui sombre dans la folie, sa propre mère qui divague et raconte l’histoire comme bon lui semble et surtout pour cacher les parts d’ombre de ce passé qui ressurgit envers et contre tout. Les vérités sont froides, dures à découvrir, mais elles permettent de mieux comprendre où on va et d’où on vient.
Sarah Chiche fait preuve d’une analyse extrêmement fine pour décrire les personnages et les évènements vécus. L’écriture est franche, directe, elle ne cherche pas à adoucir ce qui ne peut être rendu que dans sa brutalité. Ainsi, c’est un texte fort, courageux, sincère qui nous est proposé avec Les enténébrés. Quiconque aime les romans frontaux sera séduit par ce récit qui secoue dans tous les sens.
Sarah Chiche, Les enténébrés, Seuil, 368 p.
Photo : Sarah Chiche © Hermance Triay