Le nouveau roman de Philippe Besson, Un certain Paul Darrigrand, publié chez Julliard, est l’histoire d’un amour fragile et d’un corps qui s’épuise. Un texte tendre qui exprime la vie.
Philippe Besson revient avec un texte intime, personnel. Un texte qui n’est pas sans rappeler l’excellent Arrête avec tes mensonges qui avait ému son lectorat. L’auteur s’y confiait comme jamais et racontait une première histoire d’amour déchirante. Avec Un certain Paul Darrigrand, on retrouve ce même franc parler, cette même sincérité qui touche et émeut.
Philippe a 22 ans et débarque à Bordeaux pour poursuivre ses études. Intelligent, timide, le jeune homme bouscule et rencontre Paul Darrigrand. L’émoi est fulgurant. De cette rencontre accident naît une histoire bancale, maladroite, mais une histoire intense qui les lie dans un secret inavouable. Paul, à peine plus âgé, est marié. Il ne verbalise rien sur ce qui se passe dans cette chambre de la rue Judaique, quant à Philippe, il se laisse inonder par son émotion. Ce garçon, il l’a dans la peau.
Un mal mystérieux
Lors d’un examen de routine, Philippe apprend que quelque chose cloche chez lui. A l’intérieur. Il pense au Sida. La maladie commence à faire des ravages. Il en connait l’existence. Mais sa maladie est autre. Un problème de plaquette. Son corps s’use, s’affaiblit, il doit subir toutes sortes de contrôles, des hospitalisations répétées et autres traitements. Alors, à l’heure de l’insouciance, c’est la réalité qui le rattrape. Philippe vit deux vies et tout cela dans le silence, la solitude.
Quel lien entre cette maladie et cette rencontre ? A priori aucun, et pourtant, l’un fait vibrer l’autre. Le corps du désir se frotte au corps qui se délite. Philippe devra apprendre à passer toutes les épreuves avec sang froid.
Philippe Besson offre un livre tout en douceur, une histoire d’amour, une histoire de corps. Il y a beaucoup de vie et d’espoir dans les mots de l’auteur. Une soif de vérité également qui donne relief aux deux personnages sans jamais les juger ou les accuser. Juste le récit d’une rencontre qui est tout sauf banale. Un roman poignant en cette rentrée littéraire de janvier.
Philippe Besson, Un certain Paul Darrigrand, Julliard, 216 p.
Photo : P.Besson © Maxime Reychman