A l’instar d’un Neil Young, on lui trouvait un orchestre dans la voix, cette ampleur ronde et résonante qui préfigure dès l’a-cappella tous les arrangements possibles. Et voici que l’orchestre – symphonique ! – lui renvoie l’ascenseur de ses célébrations involontaires avec ce nouvel album de chansons réarrangées. Libre, acéré, baroudeur du verbe et des mélodies sur le fil, le grand Dick Annegarn vient dérouler sa longue route en douze villes et douze chansons.
Un événement du festival Détours de chants avec l’orchestre symphonique de l’école de musique de Tournefeuille.
L’Escale, Tournefeuille – jeudi 1/01 et vendredi 01/02
Pour le coup, dans le velours des pupitres, des nappes de cordes et de soufflants, on retrouve comme montrée du doigt la singularité poético-chaotique de cette voix d’enfant qui chante comme il caracole sur un chemin rocailleux, racontant son histoire à bout de souffle, la gorge nouée. Cette urgence, vieille compagne des routes et de l’écriture, ne l’a jamais quitté. Tout ce qu’il a traversé, il l’a chanté. Et tout le reste, il l’a imaginé, pour le chanter aussi.
Né à La Haye, jeune à Bruxelles dans les années ’70, la bourlingue le saisit : en train, à moto, en break, de villes en villes, et même sur d’autres continents. Aujourd’hui gascon d’adoption et familier de l’Atlantique au Maroc. Posé alors ? Pensez-vous : quand on est inventeur, on n’arrête jamais.
Lui se pose en « ingénieur analphabète » et revendique une éducation musicale à l’oreille, à l’instinct, hors du modèle tout-solfège mais curieux de beaucoup d’autres, socles du blues, du folk, des musiques du monde. Ce qui le touche et qu’il restitue ce sont des mélodies plutôt âpres, des shouters, des hollers qui raclent ou qui grattent, et des harmonies aventureuses que des compositeurs plus « classiques » conçoivent rarement.
Pourtant les « autres » le comptent dans la grande famille : sur l’album « Le grand dîner » en 2006, M et Arno reprennent « Ubu », Alain Bashung « Bruxelles », Christophe « Ça pue », Sanseverino « Mireille », JP Nataf et Jeanne Cherhal « Belle vallée », sans compter Alain Souchon ou Agnès Jaoui… Célébrant 40 ans de carrière à l’Olympia en 2014, il est rejoint par Emily Loizeau et Raphaël.
Il peut tutoyer Bruxelles, coucher avec Paris, et coller au Père Ubu … un tout petit zizi.
Inventivité verbale, calembours, mots-valises qui amusent, Dick Annegarn est devenu au fil du temps bien plus accro au goût du verbe, amoureux de la langue vivante, imprévisible, insaisissable, et donc subtile. C’est le « Folk-Talk » (titre d’un de ses albums).
Copain de Minvielle, de Claude Sicre (Fabulous Troubadours) et de ses joutes verbales, ce chantre de l’Oraliture (comme on dit : littérature) anime à Toulouse un Festival du Verbe, et a créé plus récemment dans sa maison de village une « Verbothèque », collection de vidéos d’expressions orales de toutes provenance, mais essentiellement populaires.
Parce qu’il irradie un tempérament assez trempé (rien à voir avec les pluies de sa Hollande natale ou de la Belgique de sa jeunesse !), son entourage artistique et professionnel a vite compris que lui seul menait sa barque. Têtu donc – comme tous les self-made-men non ? – ce qui n’empêche pas les belles collaborations, comme avec Christophe Cravero, son musicien de toujours, qui signe tous les arrangements et les orchestrations de cette entreprise symphonique. Un écrin révélateur pour une voix taillée autant pour l’âpreté que pour la douceur.
Pour réserver : http://www.detoursdechant.com/artistes/dick-annegarn/
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La page Facebook de l’artiste : https://www.facebook.com/DickAnnegarnOfficiel/