Les Invisibles, un film de Louis-Julien Petit
Il faut être très habile pour faire éclater de rire une salle alors que sur l’écran défilent les victimes féminines d’une société totalement fracturée, la nôtre en l’occurrence, ces femmes sdf que l’on a baptisées les invisibles et parmi lesquelles le réalisateur a fait un casting.
Il en a sélectionné une poignée et leur a demandé de quasiment jouer leur propre aventure, tout en les entourant de comédiennes professionnelles telles que Audrey Lamy, Corinne Masiero et Noémie Lvovsky, entre autres.
Ces dernières interprètent des travailleuses sociales qui vont se révolter contre une administration qui ne fonctionne que via des statistiques et vient de décider de fermer leur centre d’accueil. Tout d’abord souligner ici combien ces femmes sdf qui ont bien voulu transcender leur misère devant une caméra sont un bel exemple de courage. Dire aussi que derrière ces destins malheureux se cachent à l’évidence de vrais talents. C’est après avoir fréquenté au plus près, lui et ses comédiennes pros, cet univers sans lendemains florissants, que le réalisateur s’est lancé dans le tournage. Le résultat est un film magnifique d’optimisme, sans compassion larmoyante aucune, comme un constat dont il vaut mieux rire que pleurer. Certains moments « piquent » un peu car le cinéaste n’a pas fait beaucoup d’économies quant à la réalité qui nous entoure… Il n’empêche, son film, à peine de « fiction », est non seulement nécessaire mais il est aussi à voir de toute urgence ! C’est une vraie leçon de vie.
Robert Pénavayre