Compte rendu concert. Toulouse. La Halle-aux-Grains, le 12 janvier 2019. Mozart. Mahler. Adam Laloum. Orchestre National du Capitole de Toulouse. Wong.
Adam Laloum et Mozart quelle belle rencontre !
Nous avons eu le bonheur de suivre l’activité intense du jeune pianiste toulousain cet été au Festival de Salon-de-Provence,La Roque d’Anthéron et Les Pages Musicales de Lagrasse. Le retour à Toulouse d’Adam Laloum avec l’orchestre du Capitole devait être une fête et la salle de la Halle-aux-Grains comble, dans une ambiance fébrile a eu une écoute des plus attentives, malgré les fâcheux tousseurs impudents. Adam Laloum comprend le génie mozartien de manière instinctive. Il semble être chez lui dans sa musique. Finesse des traits, justesse du toucher à l’exact poids, beauté des nuances, inventivité dans les phrasés, douceur dans l’andante et esprit espiègle dans le final. C’est un régal de chaque instant avec une écoute attentive des instruments solistes dans les moments chambristes. On ne peut dans la jeune génération trouver interprète plus sensible et épris de beauté, dans une simplicité déconcertante. Son Mozart est envoûtant. Et ce concerto, l’un des plus aimés, avec son andante hypnotique, lui convient à merveille. Si je disais qu’il joue Mozart d’instinct c’est parce qu’il m’a dit qu’il avait joué son premier concerto de Mozart juste après son prix Clara Haskil en 2009 sans préparation particulière faisant le bonheur du public et le sien. Mais il sait aussi s’entourer des mânes de grands mozartiens, il a en effet joué les cadences et variations du regretté Dinu Lipatti. Les musiciens de l’orchestre ont répondus aux propositions du soliste avec beaucoup d’esprit dans le final.
La direction du chef n’a pas nuit aux échanges entre les musiciens mais assez métronomique et lourde, l’esprit mozartien n’a pas gagné l’orchestre ce soir. Manque de rebondi des pizzicati, peu de nuances, à-coups, notes finales qui retombent et surtout absence de phrasé. Le succès du pianiste a été considérable et le public a bien su le lui faire savoir. Les deux bis choisis ont été dans la même fine musicalité Schubert et Brahms dans des couleurs magnifiques, des nuances infinitésimales et des phrasés sublimes. Le deuxième Impromptu digne des plus grands poètes et un intermezzo de Brahms en clair obscur baigné par une lumière intérieure inhabituelle, Adam Laloum est un très grand musicien qui communique avec émotion un engagement musical exceptionnel.
L’orchestre s’est étoffé comme il convient pour la première symphonie de Mahler dont le chef originaire de Singapour, un certain Kahchun Wong, a donné une lecture de premier de classe. Dirigeant par coeur il fait très bien sonner l’orchestre, donnant les entrées, mais semblant etranger aux particularités stylistiques de la musique de Mahler. Tout est bien appris mais non ressenti. Et que dire de certains de ses mouvements et gestes incongrus car sans aucun effet sur l’orchestre. Nous sommes habitués à autre chose qu’une simple lecture des symphonies de Mahler à Toulouse ! Et je garde encore clairement en mémoire l’interprétation de Tugan Sokhiev en 2009 couplée également avec un concerto de Mozart en première partie. Et cette fois la rencontre mozartienne avait eu lieu entre Tugan Sokhiev et David Minetti dans un sublime concerto pour clarinette.
Ce soir le plaisir d’entendre la belle partition de Mahler a gagné les applaudissements du public. Mais cette simple mise en place n’a pas conduit les musiciens vers leurs sourires épanouis habituels en fin de concert. Ni le chroniqueur vers le Mahler complexe et attachant de cette symphonie si sensationnelle sous d’autres baguettes.
Hubert Stoecklin
Compte rendu concert. Toulouse. La Halle-aux-Grains, le 12 janvier 2019. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour piano et orchestre n° 21 en do majeur K.467 ; Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n° 1 “Titan”. Adam Laloum, piano; OrchestreNational du Capitole de Toulouse; Kahchun Wong. Direction.