Certains collectionnent les dés à coudre, d’autre les petites cuillères, la Baronne Henri de Rothschild collectionnait les crânes miniatures. Léguée au musée des Arts Décoratifs à la mort de la Baronne, l’établissement fait généreusement don de la collection à la fondation Bemberg pour l’été. Une occasion toute trouvée pour parcourir un cabinet des curiosités où des crânes miniatures deviennent tantôt épingles de cravate, tantôt bibelots, amulettes ou grains de chapelets… L’ensemble, en matériaux nobles et rehaussé de pierres précieuses, offre une exposition peu commune.
C’est une immersion dans un univers singulier que propose actuellement la fondation Bemberg. Exposée dans les caves de l’Hôtel D’Assézat, la collection de la Baronne Henri de Rothschild intrigue autant qu’elle fascine. Disséminés au cœur de trois salles, plus de 200 crânes miniatures font de l’œil aux visiteurs. En ivoire, en corail, en bois, en bronze, en jais, en cristal de roche, de toutes sortes et de toutes tailles, les petits objets reflètent parfaitement le caractère libertaire de la Baronne. À l’aube du XXe siècle, ces collections sont rares et le rang de Mathilde de Rothschild ne la prédestinait pas à amasser ce genre d’objets. Quoi qu’il en soit, grâce à ce caractère affranchi, la fondation propose actuellement une exposition rare, qui a tout pour séduire… Même les plus sceptiques !
Sophie Motsch, attachée de conservation au musée des Arts décoratifs, a imaginé cette exposition en tandem avec le talentueux scénographe Hubert Le Gall. Dans des vitrines épurées, les vanités de la Baronne sont classées par thématiques. La première salle fait écho à la représentation de la mort et de son après ; à travers une vision païenne ou religieuse. La deuxième salle présente la Baronne, à travers un portrait et des objets significatifs de son époque et de son style, comme les ombrelles ou les bijoux. Enfin, la troisième et dernière salle s’organise comme un véritable cabinet de curiosité en s’attardant sur la représentation symbolique des crânes, le tout grâce à des objets de provenance et de Matériaux différents. L’ensemble est très rare, très esthétique aussi grâce à l’abandon d’étiquette au profit de cahier de visite. Malgré les apparences, et les préjugés, cette exposition est donc émaillée d’humour. Personne ne pourra rester insensible à la personnalité et à la folie de Mathilde de Rothschild.
Toute la fondation aux couleurs de l’exposition
Ouverte en 1995 grâce à la volonté de M. Georges Bemberg, la fondation qui porte son nom et qui habille merveilleusement les murs de l’Hôtel d’Assézat accueille de véritables trésors signés : Pierre Bonnard, Matisse, Degas, Monet, Véronèse, Picasso, Brueghel…
En parallèle de ces expositions, le lieu accueille donc des collections comme celle de Mathilde de Rothschild, et profite de ces temps pour mettre en valeur ses acquisitions. Ainsi, en ce moment, dans les salles de la fondation, entre les tableaux des écoles françaises ou flamandes, on peut retrouver le travail de Gerhard Richter, Miquel Barceló, Georges Braque, Jean-Michel Alberola… Des œuvres contemporaines qui exploitent la thématique de la mort et ses multiples représentations.
Accueillie par Alfred Pacquement, conservateur général honoraire du patrimoine et Président de la Fondation Bemberg et par Philippe Cros, directeur de la Fondation Bemberg, l’exposition est ouverte à tous, et permettra au plus grand nombre de découvrir ou redécouvrir par la même occasion l’ensemble des collections de la Fondation jusqu’au 1er octobre 2018.
Régis DARO
FONDATION BEMBERG
Même pas peur ! • Collection de la baronne Henri de Rothschild
Vanités d’hier et d’aujourd’hui
Du 29 juin au 30 septembre 2018