C’est du 9 au 22 juillet que cette saison de l’été 2018 se déroule, avec un site qui fera la part belle à la danse, c’est le Jardin Raymond VI, grand jardin public qui jouxte le Musée les Abattoirs. Une suite presque logique aux quatre jours consacrés aux rumbas du monde entier qui ont embrasé la Prairie des filtres dans le cadre de Rio Loco !
L’événement en lui-même, a pour tête d’affiche, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse qui va donner un concert exceptionnel, concert GRATUIT ayant pour thème, la danse avec des œuvres de Paul Dukas, Leonard Bernstein, Igor Stravinski, Modeste Moussorgski. Pour l’ouverture du festival, ce sera le 9 juillet à 21h, Prairie des filtres, où l’on espère bien retrouver plus de vingt mille “aficionados“ de musique dite classique. L’orchestre sera dirigé par un tout jeune chef, déjà venu à la Halle, et qui est très apprécié des musiciens, Lahav Shani. Sera fêtée en même temps, l’ouverture de l’EuroScience Open Forum 2018 (ESOF), plus grand congrès scientifique en Europe.
De la danse toujours, avec, à 21h30, et ce pour tous les spectacles donnés en ce jardin qui donne d’un côté sur notre Garonne, on commence le 17 avec du tango argentin avec l’ensemble Tanguisimo, internationalement réputé, qui interprète toute la magie du tango sous sa forme la plus complète et la plus aboutie. N’oublions pas qu’à Toulouse, Carlos Gardel veille.
Le lendemain, invitation à danser avec le groupe Pulcinella qui invite Maria Mazzotta pour un Bal dente. Le quartet toulousain, dont les membres chantent et jouent, s’acoquine avec la puissante chanteuse italienne, venue des Pouilles, pétillante et véhémente. Une rencontre qui risque fort d’être …explosive. On passera du cercle circassien au funk, de la pizzica au merengue, du paso doble à la tarentelle !!
Le 19, le Ballet du Capitole se doit d’être là, et c’est tant mieux, car il vient avec un de ses plus beaux spectacles parmi les derniers, Cantata, du chorégraphe italien Mauro Bigonzetti, spectacle ovationné à la Halle lors de son entrée au répertoire le 24 juin 2015. Danse, musique et chant sont intimement liés dans un magnifique hommage à la culture italienne méridionale et à sa tradition musicale populaire, dans le sens noble du terme. Cantata est « une éruption du Vésuve » d’un goût exquis.
Le 20, les amateurs de flamenco risquent d’y perdre la tête. Devant, derrière, avec Manuel Linan, il va falloir suivre dans le flamenco contemporain que nous soumet l’artiste dans son dernier spectacle, Reversible, création récompensée d’un grand prix. Un flamenco qui est bien à considérer comme un art en constante évolution, contemporain, vivant, généreux. Un danseur, primé encore mais pour son art de la danse, qui va jusqu’aux limites de sa passion, tout en préservant la force et l’essence de la tradition de tous ceux qui l’ont précédé, comme une source d’inspiration. Manuel Linan dévolue tout son art à la danse et au flamenco, sa patrie poétique.
Le samedi 21, il y a Bal électrotrad gascon ! Avec sa nouvelle création, Atau qu’ei, EBTè !, Joan Francés Tisnèr provoque la rencontre de la musique électronique et de la danse traditionnelle. Nous sommes bien entre tradition et modernité. Voilà un mélange qui peut être détonnant et déclencher sur parquet, ou direct sur le plancher des vaches, les pires figures de danse électroterrienne. On n’oublie pas que le meneur de troupes, ou de troupeaux, est chanteur-compositeur-musicien-auteur, dans l’ordre que vous voudrez, et qu’il s’amuse comme un petit fou. Il est aidé en cela par les danseurs traditionnels des Los Seuvetons. C’est le moment de réviser un peu ses notions d’occitan. C’est un bal qui va faire se remonter le temps et ridiculiser les Spotify et Deezer, et les platines et minivalises à galettes.
Autre lieu pour ce festival : la Chapelle des Carmélites dont les murs vont résonner aux sons du bandonéon et autres sonorités plus habituelles des instruments à cordes plus coutumiers en ce lieu. Le 17, à 19h, Gregory Daltin, accordéoniste originaire de Toulouse met tout son talent au service de toutes les musiques, et plus particulièrement ici, à celle d’un certain Astor Piazzola. Au programme d’ailleurs, ses deux dernières œuvres intimistes : Five tango Sensations et Four for Tango. C’est au Quatuor Akilone et donc, à Gregory Daltin qu’il revient d’évoquer le maître argentin, faisant alterner compositions originales et arrangements personnels. Le concert est donné en partenariat avec ProQuartet, Centre européen de musique de chambre.
Le Cloître aux Jacobins est habitué par contre aux sonorités du piano. Le 18, ce sera du piano à quatre mains, avec les doigts de Guillaume Coppola et ceux de Paul Lay, une façon artistique de voir le classique et le jazz réunis, mais les deux pianistes ayant déjà sévi, séparément, dans le cadre de Piano aux Jacobins, et de la Saison bleue tout récemment pour le premier nommé dans un récital tout Schumann. Facile de représenter la danse au piano, et le Quizz ne serait pas bien difficile. Une soirée au cours de laquelle vont s’entremêler, valses, ballades, danses espagnoles, rags et autres. Des moments d’improvisation ne sont pas à exclure en fonction de l’ambiance, de l’inspiration et de la température.
Le 20, Luis Fernando Perez nous livrera son programme tout orienté vers la danse. Quand on est considéré dans le monde de la musique classique comme le grand interprète du répertoire espagnol, il n’y a que l’embarras du choix pour bâtir son récital. Mais le tout juste “quadra“ est aussi apprécié et reconnu et salué dans bien d’autres pages de compositeurs comme Debussy, Ravel. Pas étonnant que l’on retrouve ici, les Danzas fantasticas de Turina, El amor brujo de Manuel de Falla, des pièces de Monpou, Albéniz, Granados. Le Cloître affichera complet, à coup sûr.
Sans oublier, au Cloître toujours, le 19, Les Hanches Hantées, Quatuor avec quatre…clarinettes dont une clarinette basse, une formation originale s’il en est. Pour de la musique de chambre toujours sur le thème de la danse. Et quand on fouille du côté de Vienne, on doit bien trouver quelques valses, polkas, piquées ou non, marches, barcarolles. Et quand il en manque, les transcriptions originales finalisent l’ensemble. On est habitué à des noms prestigieux comme la famille Strauss, père et fils et oncle, sans oublier Waldteufel, et Offenbach, et Leo Delibes, et deux presque contemporains, Minvielle et Tuveri.
Un partenariat heureux avec la Cinémathèque de Toulouse qui nous vaudra, le 22 à 22h, sur le mur habituel de la cour, un parmi les chefs-d’œuvre de Vincente Minelli, le film The Pirate, de 1947, une comédie musicale totalement, frénétiquement étourdissante, une pure création onirique, une fantaisie de couleurs et de mouvements, l’expression idéale d’un infaillible instinct du beau. Ah, Judy Garland, sa première inspiratrice ! A travers son visage bouleversant, Minelli affirme, haut et clair (Le Chant du Missouri aussi) que seuls le rêve et l’imaginaire permettent de mieux vivre sa vie. Quant à Gene Kelly, ……Elles vont être chèrement gagnées les chaises longues pour suivre ces 101 minutes de celui qui a tout montré, l’harmonie (Tous en scène), la faille (Comme un torrent), la superficialité de ce monde et le génie, précisément, de ceux qui le rendent vivable.
On les appelle les à-côtés, ce qui ne veut pas dire : à négliger, puisqu’à l’Espace Job, on y retrouve pour le mercredi 11 juillet, à 15h30, un artiste comme Hervé Suhubiette, et son accordéon, tandem qu’on ne présente plus, dans un moment nommé : « Quand je serai grand… » destiné au Jeune Public, un très bel hommage au spectacle vivant, un moment qui sera, à coup sûr, rempli d’une belle émotion. C’est gratuit.
À la Médiathèque José Cabanis, ceux qui voudront savoir comment on fabrique de la musique en 2018, pourront s’y rendre le 12, à 15h. Ils seront tout ou presque sur les moyens actuels, bien loin de l’aulos, la double flûte fabriquée du temps des Grecs dans un os long de cervidé. C’est gratuit.
Le Patio du Metronum résonnera de sonorités particulières le 12 à 19, celles de la voix de Lenparrot, androgynie vocale caractéristique du jeune nantais Romain Lallement, voix de tête et belles basses en plus, en un mot, pleine de possibilités lui permettant d’incarner de multiples personnalités, rôles et genres, ce qui aurait pu être un inconvénient, mais se révélant un formidable atout pour une personnalité douée qui sait exploiter avec un grand sens artistique ce don naturel. De toutes les façons, un garçon qui, à cinq ans, a pour idôle Freddy Mercury, qu’il écoute en boucle, jusqu’à saturation, ne peut pas ne pas réussir ! De la pop très très intéressante sur des textes qu’il écrit en anglais.
Michel Grialou
Toulouse d’été
Dansons les musiques !
du 09 au 22 juillet 2018