Pascal Dessaint d’ici et d’ailleurs
Le romancier au coeur gros et au drapeau noir et vert, en homme du Nord, n’a jamais changé de bord, sauf géographique. Installé à Toulouse depuis belle lurette, il a fait de la ville le décor de nombreux romans : le toit du parking Victor-Hugo (un spectacle de terrasses, tourelles, bulbes, petits observatoires), devant l’auberge du Sauvage au carrefour des rues des Moulins, de la Hache et de l’Homme armé où est enchâssé le bas-relief d’un chevalier brandissant un gourdin ou un membre, sur un quai des Demoiselles, au bar le Concorde pour une partie de billard français, ou au stade de rugby. Puis il a parcouru la France de long en large pour trouver matière à ses intrigues où les humains se battent entre eux et contre la nature, les abeilles, les hérons et les libellules, résolument en marche vers l’abîme. Ses romans sont publiés chez Rivages et il a reçu quelques médailles : Prix mystère de la critique, Grand prix de la littérature policière, Prix du roman noir français, qui viennent récompenser une chaleur humaine, un certain humour, des bains de sang et des incendies, la dénonciation des manoeuvres de l’industrie et la mise en scène des fragilités de héros qui n’en sont pas.
Je croise et interviewe Pascal Dessaint depuis des années. En 1992, installé à Toulouse de fraîche date, l’auteur avait accepté mon invitation à évoquer les paupières de Lou, son premier livre me semble-t-il, dans l’une de mes émissions de jeunesse à TLT, Télé-Toulouse. L’entretien se déroulait de part et d’autre d’un comptoir, sous une affiche de Midnight Oil punaisée sur un décor aux tons orangés.
Les années ont passé, nos conversations ont continué. Nous avons vu le monde changer, et pas qu’en bien (Cf. vidéo d’archives après le podcast).
Aujourd’hui, nous nous retrouvons quinquas mais pas battus, dans son quartier, entre la prison Saint-Michel et le café L’évasion, pour une discussion à bâtons rompus : considérations urbaines, retour sur engagement, bruant zizi de Garonne, destin de l’espèce, humain de l’infini, coulées de boue, gens qu’on ne connaît plus et qui vous ignorent.
Derniers titres parus : En attendant Bukowski (éditions SCUP) ; Un homme doit mourir (éditions Rivages) ; La trace du héron (éditions Le Petit Écart)
Pascal Dessaint © Franck Alix/Payot & Rivages
Réalisation podcast & musique originale GL, juin 2018