Une fois n’est pas coutume. Et donc, nous dérogeons à la règle : pas d’article après une simple générale. Mais là, c’est pour la bonne cause. Il faut prévenir ceux qui hésitent encore qu’ils ne peuvent se priver du spectacle vivant total que le Théâtre du Capitole et son nouveau Directeur artistique Christophe Ghristi leur offrent, à partir de vendredi et pour six représentations, du Macbeth de Giuseppe Verdi, et dont la dernière affiche en ce lieu remonte à octobre 1994. Elle n’a laissé hélas qu’un pâle souvenir et la comparaison ne peut même pas être évoquée.
À propos d’affiche d’ailleurs, celle de la production vous donne illico une idée du spectacle !! Elle est signée Zakari Babel.
Alors, maître d’œuvre de ce spectacle : le chef Michele Gamba, qui respire son Verdi. Bonne pioche. Les musiciens de l’Orchestre national du Capitole dans la fosse ? Comme d’habitude, remarquable. Les Chœurs du Capitole et renforts et Maîtrise? et surtout ces dames ? Remarquables aussi. Leur Directeur Alfonso Caiani peut arborer un large sourire. Avec lui, Verdi est aussi à la fête.
Réalisée par Frédérique Lombart, la mise en scène du regretté Jean-Louis Martinoty ne peut que satisfaire une grande majorité, traduisant le drame qui nous intéresse sans extrapolation alambiquée et psychanalyse frénétique. Freud et Jung sont restés en coulisses. Le Moi, le Surmoi, les sorcières, les frustrations, tout ça… On assassine, point. On n’est pas obligé de couvrir la scène de rivières d’hémoglobine et de scènes de torture sur des corps ensanglantés pour faire sens. Décors, Bernard Arnould, costumes, Daniel Ogier, et lumières, François Touret, et même vidéo, Gilles Papain, donnent une série de scènes en accord total avec le livret, et notamment les scènes à l’atmosphère fantastique. La forêt de Birman va très heureusement vous surprendre (on a vu tellement de branchages au feuillage riquiqui ailleurs ou de forêt Jardiland).
Quant à la distribution, pas une seule défaillance, du plus petit rôle jusqu’au plus grand. On ne résiste pas, tant pis, au plaisir de citer le Malcolm du jeune ténor Boris Stepanov, le Macduff du ténor Otar Jorjikia, très heureuse découverte, la très belle basse d’In Sung Sim dans Banco, et enfin le couple infernal avec la Lady Macbeth de Béatrice Uria-Monzon qui ne pouvait pas, ne devait pas passer à côté d’un tel rôle, avec sa tessiture et son type d’émission, et son époux, le baryton Vitaliy Bilyy qui nous surprend non par sa voix que l’on apprécie fort mais parce qu’il s’investit toujours plus scéniquement depuis que nous l’avons découvert dans le Comte de Luna du Trouvère.
Et ce n’est que la Générale !! Donc, à vendredi.
du 18 au 29 mai au Théâtre du Capitole,
place du Capitole Toulouse. Tél. : 05 61 63 13 13
Macbeth © F. Desmesure