Isabelle Monnin publie un roman de douce nostalgie, Mistral perdu ou les évènements, aux éditions J.C Lattès.
En 2015, Isabelle Monnin offrait un roman original, Les gens dans l’enveloppe. L’auteur imaginait, puis reconstituait la vie d’une fillette inconnue à partir de photographies anciennes. Déjà, on percevait un sentiment de tendresse à l’égard d’une époque révolue. Cette époque, les années 70, est à nouveau le décor de départ d’une nouvelle intrigue. Et cette fois-ci, Isabelle Monnin raconte son histoire. L’histoire d’une jeune fille pleine de vie et aux références culturelles qui feront sourire le lecteur complice. Les émissions culte de Michel Drucker, les personnages clés de romans pour enfant Tistou ou encore Claude dans Le Club de cinq, etc. Toute une époque se déroule sous les yeux du lecteur qui se laisse entraîner avec délectation. Puis c’est l’adolescence qui survient avec les difficultés à s’insérer parmi la jeunesse fougueuse et la sensation de ne jamais faire partie du monde ou des grands évènements qui construisent une époque. Enfin arrive l’âge adulte…
« Nous sommes deux »…
Le roman n’est pas une simple description des années 70 et au-delà. Il est aussi l’histoire de deux sœurs. Deux sœurs issues d’une famille de gauche où la politique est prise très au sérieux et qui sont témoins d’une époque effervescente. Isabelle adore sa sœur qui l’adore en retour. Ensemble, elles rient, vivent, observent le monde. Ensemble, elles font tout, elles sont tout. Mieux que des jumelles, elles avancent à deux tout en ayant leurs propres désirs et personnalité. Pour célébrer cette belle complicité le roman est bercé par une bande son très générationnelle dont l’artiste phare est Renaud. La découverte de ce jeune rebelle au vocabulaire si nouveau apporte euphorie. C’est l’époque Renaud, le style Renaud, les expressions Renaud… Mais un jour la sœur n’est plus. Elle meurt brutalement et n’aura jamais vingt-sept ans. Pour Isabelle le monde s’écroule et les questions chamboulent. Comment vivre sans l’aimée ? Comment survivre seulement ? Il faudra apprendre à ne plus dire « nous sommes deux » mais « je ».
La vie, toujours
Isabelle Monnin écrit de très belles pages sur la fusion entre elle et sa sœur. Et si le texte est parfois nostalgique ou mélancolique, on ne sombre jamais dans le larmoyant.
La dernière partie du roman est donc consacrée à la vie après la perte inconsolable. Jusqu’au jour où le sourire, le rire revient. L’écriture permet de réécrire la vie, le passé mais aussi le futur. Isabelle dépasse la douleur avec courage et donne une leçon lumineuse sur l’amour inconditionnel. Le roman, on l’aura compris, aborde de nombreux thèmes. Il traverse les années, les styles et les évènements politiques. Il convoque des sentiments multiples, du rire à l’émotion. Mais la plume d’Isabelle Monnin reste toujours maîtrisée pour écrire, envers et contre tout, la vie.
Sylvie V.
Mistral perdu ou les évènements, Isabelle Monnin, J.C Lattès, 320 p.