C’est un spectacle qui connaît le succès depuis sa création en 2010. « Camille Claudel, l’interdite » a foulé la scène du théâtre Garonne pendant un mois, devant un public toujours plus nombreux. Elle a aussi enchanté le public du festival d’Avignon pendant deux éditions. Jean-Pierre Armand, qui a créé ce spectacle, garde un souvenir ému de cet été où, au cœur de l’hôpital psychiatrique de Montfavet, là même où l’artiste a passé trente années de sa vie, le spectacle a remporté tous les suffrages. Les 23 et 24 mai prochains, ce n’est pas à Montfavet mais bien à Toulouse, dans l’enceinte du centre hospitalier Gérard Marchant, que sera donné le spectacle. Une occasion toute trouvée pour découvrir, ou redécouvrir, ce biopic bouleversant.
Jamais Jean-Pierre Armand n’aurait imaginé que huit années après sa création, ce spectacle soit encore si présent dans les théâtres de la région, et même au-delà. Habitué des pièces à succès avec sa compagnie « Cornet à dés » (qui fêta ses 50 ans d’activité en novembre prochain), l’homme de théâtre qui se plaît à créer ce genre de spectacles biographiques, est néanmoins heureux de présenter une nouvelle fois ce spectacle à Toulouse : « Ce spectacle représente bien ma démarche créatrice. Nous l’avons joué quelque 150 fois depuis sa première. J’espère que ces trois dates, dans ce cadre privilégié, permettront au plus grand nombre de découvrir ou redécouvrir la véritable Camille Claudel. » Car, au-delà de l’interprétation puissante de la comédienne de talent qu’est Noémie Larroque, au-delà d’une création musicale et vidéo et très recherchée, c’est bien cela que Jean-Pierre Armand tache de démontrer : « Camille Claudel n’était pas folle ! ». Avec, comme base pour le texte, les échanges épistolaires très sensés de l’artiste, le spectacle nous dépeint une Camille Claudel brisée, recluse, névrosée parfois. Mais en aucun cas une Camille Claudel aliénée.
Abandonnée par les siens, la sculptrice de talent meurt à l’âge 79 ans, de malnutrition, dans la solitude et le désamour. Reine-Marie Paris, la petite-nièce de l’artiste, confiait avoir été très émue à la découverte de ce spectacle au théâtre Garonne. Mise à l’honneur à plusieurs reprises dans la littérature, au théâtre ou au cinéma… C’est à travers la plume d’Anne Delbée que, Jean-Pierre Armand à redécouvert son héroïne. Le film de Bruno Nuytten où Isabelle Adjani et Gérard Depardieu se partagent l’affiche finira de le convaincre de créer ce spectacle sur Camille Claudel. Dix ans après le début de l’aventure, il ne regrette absolument rien !
« Les professionnels de la santé mentale ont été bouleversés par notre travail »
Ces représentations au centre hospitalier Gérard Marchant seront en quelque sorte l’aboutissement de tout le travail fournit par toute l’équipe artistique du spectacle : « Après les représentations, au théâtre Garonne ou suite à un important colloque de psychiatres à l’Hôtel Dieu de Toulouse sur l’Art Thérapie chapeauté par le Professeur Garnier, les gens aiment échanger sur Camille. Nombreuses ont été les rencontres fort intéressantes. L’écho qu’en a eu la direction du CH a fait le reste ». Le lieu souhaite aujourd’hui d’avantage s’ouvrir à la culture pour ses patients, mais pas uniquement. Les trois représentations sont ouvertes à tous. Aux curieux, aux inconditionnels de Claudel, comme aux fidèles de la compagnie « Cornet à dès » ou bien évidemment aux professionnels de la santé mentale : « Le spectacle s’interroge sur la folie de Camille Claudel. Car au final, Camille « folle » arrangeait bien ses très proches ! Quand j’ai créé ce spectacle, j’ai également voulu dénoncé cette mise à l’écart d’un être humain au nom de l’eugénisme. Trois bords de scène seront proposés à l’issue des spectacles avec le Professeur Gérard Pirlot Psychiatre et Psychanalyste, le 23 mai à 20 h 30 et avec le psychologue Laurent Morlhon le 24 mai à 20 h 30. Ces rencontres permettront à ceux qui le veulent d’aller plus loin dans cette réflexion. » Un moment rare, à ne manquer sous aucun prétexte.
Les représentations auront lieu les mercredi 23 mai à 16 h et à 20 h 30 et jeudi 24 mai à 20 h 30.
Plus d’informations sur le site internet de la compagnie, ou par téléphone au 06.81.13.82.83.
Les réservations se font en ligne auprès du site www.cornetades.festik.net
photo © Jean Jacques Ader