Chaque venue est un grand moment. L’ouverture d’Egmond a valu à Beethoven les compliments de Goethe que l’on connaît plus rétif à la mise en musique de ses poèmes ou de ses pièces. Il est vrai qu’il souffle un vent romantique enfiévré, une ode à l’amour d’une grande tendresse. L’orchestre a su offrir au chef tout ce que sa superbe direction lui demandait et le résultat est un souffle puissant qui laisse le public haletant. Que voilà une très belle entrée en matière.
Concert solaire à Toulouse
L’arrivée en scène du violoniste Josef Špaček apporte la même allure élégante et dès les premières doubles cordes, nous savons que cet interprète sera fascinant. Si l’entrée de l’orchestre a été un peu trop forte et l’équilibre a mis quelques temps à se construire, l’interprétation de ce concerto trop rarement donné a été magnifique. L’entente et surtout la qualité d’écoute ont été magnifiques entre tous les musiciens, le soliste et le chef. La clarté de la direction a rencontré la simplicité et l’évidence du jeu du soliste. La sonorité de Josef Špaček est très agréable, souple, nuancée. Il ne semble pas craindre les nombreux traits redoutables et trouve toujours des phrasés amples. La musicalité est intense et la danse est retrouvée dans la souplesse de son jeu. Le final est un vrai moment ensoleillé en un tempo rapide et des danses populaires d’un grand enthousiasme. L’orchestre a été royal de présence et d’attention aux propositions du soliste. Le public a été convaincu par une interprétation si aboutie face à la qualité de ce concerto trop mal aimé.
Pour finir sur un enthousiasme quasi délirant, nous pouvions compter sur l’entente entre le chef et l’orchestre dans une oeuvre très aimée du public. La quatrième symphonie de Beethoven est moins dramatique que la Cinquième, moins inventive également que la troisième mais l’équilibre qui caractérise sa composition assez classique, est un enchantement. Thomas Søndergård est maître dans la construction comme l’organisation du moindre plan. Tout s’articule à merveille, les tempi sont parfaits et le naturel semble laisser faire les choses toutes seules. L’orchestre du Capitole est tout à son aise et chacun, solistes tout particulièrement, est brillant. Si l’élégance et la beauté sont des qualités évidentes du chef danois, c’est son sourire qui illumine son interprétation.
Thomas Søndergård développe une coopération enthousiasmante avec l’Orchestre du Capitole, le violoniste Josef Špaček est un artiste admirable qui a su être au diapason de cette entente, ils nous ont offert un beau concert et la prise de conscience de la valeur du concerto de violon de Dvorak.
———————————
Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 15 février 2018. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Ouverture d’Egmont op.84 ; Symphonie n°4 en si bémol majeur op.60 ; Antonin Dvorak (1841-1904) : Concerto pour violon et orchestre en la mineur op.53 ; Josef Špaček, violon ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Thomas Søndergård, direction. Illustration : © A Buchanan