A l’invitation des Grands Interprètes Daniel Barenboim est venu offrir un concert tout Debussy pour fêter l’année du centenaire de la mort de Claude de France comme aimait à se nommer le compositeur.
Daniel Barenboim joue sur un piano personnel à cordes parallèles qui lui offre une précision rare. Le CD enregistré par Barenboim sur un programme similaire va paraître sous peu chez DG.
La manière dont le pianiste argentin met ses dons au service de la musique si inventive de Debussy est remarquable. La délicatesse, la souplesse, la pureté sont les qualités développées par le jeu de Barenboim. La modernité de l’harmonie est comme magnifiée par l’apparente simplicité de l’interprétation. L’absence de spectaculaire permet de mettre la technique parfaite au service d’une musicalité des plus fines. Mais la puissance dans la Cathédrale Engloutie, ou l’exubérance dans l’Isle joyeuse ne sont pas en reste. C’est toutefois l’évidence d’un jeu serein recherchant la délicatesse des nuances dans un toucher exquis qui domine l’interprétation. Les couleurs subtilement déployées, les nuances très creusées donnent beaucoup de vie à ces pièces aux titres évocateurs. Un grand artiste qui garde un amour fidèle pour le piano en complément de son immense carrière de chef d’orchestre. Son amour pour la musique si profondément originale de Debussy est marqué par un respect qui en magnifie tant la modernité que l’intemporalité. En bis le Clair de Lune suave et doux met le public aux pieds de l’interprète.
Un seul regret l’impudeur des tousseurs et tousseuses qui ont ce soir souvent gâché l’ambiance si délicate de la soirée.
Le disque nous permettra de mieux encore analyser cette superbe interprétation.
Hubert Stoecklin
Compte rendu concert. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 15 janvier 2018. Claude Debussy (1862-1918) : Préludes, premier livre ; Estampes ; Deux arabesques ; L’Isle joyeuse. Daniel Barenboim, piano.