Le football c’est comme l’amour. Parfois c’est calme, parfois c’est mouvementé. Et parfois dans une situation qui semble bloquée il suffit d’un geste pour y voir plus clair, comme en ce 6 février 2000.
Le Real Madrid n’est pas encore entré dans l’ère des galactiques mais a quand même une belle gueule sur le papier. Casillas est un enfance précoce déjà titulaire dans les buts, les légendes Hierro et Roberto Carlos contrôlent la défense de la Maison Blanche, le milieu de terrain Guti-Redondo pue la classe et l’attaque Raùl-Morientes respire l’Espagne, le football et les tapas. Seulement voilà, en face c’est La Corogne. C’est pas Gijòn, c’est pas Valladolid. La Corogne des années 2000 avec Songo’o dans les cages, Mauro Silva au milieu et Roy Makaay en attaque, un néerlandais qui avait la fâcheuse tendance à planter but sur but. Mais surtout, il y avait au milieu un Brésilien du nom de Djalminha. Mi-homme mi-artiste. Un joueur qui n’a pas eu la carrière que son talent méritait mais qui inventait des choses comme personnes, un peu comme en cette vingt-troisième journée de Liga.
On joue depuis six minutes de jeu et les galiciens forcent déjà le verrou madrilène. Sur un corner mal renvoyé, le génie sort de sa boite. Djamlinha arrête le temps et soulève la balle par une roulette arrière, une de celles qu’on a tous essayé de faire quand on était gamins. On croit un temps qu’il a voulu s’emmener le ballon mais que nenni ! Son regard ne trompe pas, c’est une passe lumineuse, l’espace d’un instant le Brésilien semble voler au dessus de ses adversaires. La frappe qui suit ne donne rien, qu’importe. Les spectateurs se sont levés, ils ont déjà une bonne raison d’être venus au stade. L’action se poursuit, Roberto Carlos prend la foudre et Roy Makaay ouvre le score.
Quelques minutes plus tard, Djalminha parachève son chef-d’œuvre et double la mise sur un coup franc enroulé par sa patte gauche en personne. La Corogne s’imposera 5-2 et remportera la Liga quelques semaines plus tard, exercice au cours duquel le Real terminera cinquième, l’heure pour Florentino de sortir le chéquier et attirer le meilleur joueur du monde dans la maison blanche. Depuis, La Corogne a perdu de sa superbe, a mangé 8-3 contre Monaco et n’a pas soulevé un trophée depuis 2002. Une éternité, quand on a connu dans ses rangs de tels artistes.
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Brice Christen, membre de l’Equipe de France de Football des Ecrivains
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