Le football c’est comme l’amour. Parfois c’est rude, parfois c’est doux. Parfois ce sont des caresses et parfois c’est la perfection absolue. Surtout quand c’est Mesut Özil qui régale.
Arsenal et la Ligue des Champions, c’est une histoire compliquée. Finalistes il y a dix ans face au FC Barcelone de Ronaldinho, les hommes de Wenger n’ont depuis jamais pu atteindre ce stade de la compétition. La faute à pas de chance mais surtout à une équipe : le Bayern Munich qui renvoie les anglais à la case pudding trois fois en quatre ans en 2012, 2013 et 2016. Du coup, tonton Arsène décide d’en recruter un histoire de combattre le mal par le mal. Mais pas n’importe lequel. Pas un allemand classique qui envoi des pralines de trente mètres : Arsène préfère les artistes. Alors, le 2 septembre 2013, il lâche cinquante briques pour débaucher Mesut Özil au Real Madrid qui vient lui de s’offrir le sprinteur de cristal plus connu sous le nom de Gareth Bale.
Seulement voilà : Özil aime le beau jeu. Le beau jeu amène les buts, les buts amènent les titres et Arsenal ne gagne rien depuis six siècles. L’équation est imparfaite. Tous les joueurs d’Arsenal le savent : quoi qu’ils fassent, du football, un tournoi de pétanque ou une partie de tarot, ils perdront face au Bayern Munich. Alors autant en profiter pour rayonner en poule. Le 1er novembre 2016, Arsenal se déplace sur la pelouse de Ludogorets pour la quatrième journée de Ligue des Champions. Sur le papier ça ne paye pas de mine, le déplacement a l’air facile et le nom de l’équipe ressemble à une marque de papier alu. Mais rien n’est jamais simple : il faut se farcir un déplacement en Bulgarie, trouver le stade et jouer contre des électriciens qui bossent à l’usine le week-end.
Le piège se referme et les Anglais sont menés 2-0 après quinze minutes de jeu. Xhaka et Giroud remettent les équipes dos à dos et le nul se profile jusqu’à ce que le magicien allemand entre en scène. Lancé en profondeur à la limite du hors-jeu, Özil se présente seul face au portier bulgare avec deux défenseurs à ses trousses. Placer le ballon et marquer ? Trop simple. Dribbler ? Que Nenni. Özil préfère ridiculiser le portier avec un sombrero délicieux calculé au millimètre à rendre jaloux les ingénieurs de la NASA. Le but semble ouvert mais les centraux reviennent à vitesse grand V. Mesut leur fait face, feint de frapper une fois, puis deux, les défenseurs tombent au sol comme des pantins désarticulés piégés dans le récital du numéro 11 allemand. Le but est vide, Özil a baptisé toute une ville de son empreinte, il est temps de marquer avant que cette action ne soit classée comme pornographique. Arsenal s’impose et termine premier de sa poule devant le PSG, tout ça pour retrouver en huitième de finale… le Bayern, qui lui infligera deux sévères 5-1 pour une rouste totale de 10-2. Putain de karma.
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Brice Christen, membre de l’Equipe de France de Football des Ecrivains
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