Blade Runner 2049, un film de Denis Villeneuve
Voici donc sur nos écrans la suite du magistral opus que signa Ridley Scott en 1982 : Blade Runner, un opus accueilli fraîchement à sa sortie mais que son réalisateur reprendra à plusieurs reprises pour en proposer différentes versions. Quoi qu’il en soit, avec le temps, ce cauchemar futuriste alimente depuis trente ans l’imagination de tous les cinéastes de science-fiction.
Ne souhaitant pas revenir sur son film, Ridley Scott produit une suite dont il confie la réalisation à Denis Villeneuve. Le moins que l’on puisse dire est que le pari est gagné …visuellement. Virtuose des lumières et des cadrages, des décors et des atmosphères, Denis Villeneuve nous donne à voir un monde saturé de pollutions de toutes origines, un monde en partie détruit, un monde dans lequel l’Humain cherche vainement sa place.
C’est dans cet univers que nous rencontrons un blade runner, un flic chargé d’éliminer les réplicants, alias des androïdes parfaits, qui n’obéissent plus aux hommes. L’officier K (Ryan Gosling, plein cadre en permanence mais pas grand-chose à faire ni à dire !) est un blade runner. A la suite de l’une de ses missions, un énorme doute lui envahit l’esprit. Il va essayer d’en avoir le cœur net et pour cela il va partir à la recherche de Rick (Harrison Ford 30 ans après, même rôle). Celui-ci s’est exilé dans un lieu improbable car il est recherché. Il est en possession d’une information qui peut mettre en péril l’existence même de cette nouvelle civilisation mi-réelle, mi-numérique. Leur rencontre ne se fera pas sans heurts…. La mission de l’officier K vient de se transformer en quête existentielle, identitaire.
Bien sûr il y a de l’action, du suspense, mais l’objet du film est ailleurs, dans la recherche de l’authenticité des rêves, des sentiments, des origines. Des scènes sont fulgurantes de créativité et sèment le trouble, telle celle de cette étreinte numérique entre l’Officier K, un hologramme féminin, dont K est amoureux, et une femme véritable. Vertige assuré. La Bo, signée Hans Zimmer et Benjamin Wallfish, scande, rythme, soutient des images somptueuses de manière implacable.
Malgré tout cela et le message d’alerte qui sous-tend le texte quant à notre devenir, sans parler d’une séquence finale terriblement décevante dans sa brièveté, le compte n’y est pas pour oser parler ici d’une suite digne de l’opus d’origine. Long, beaucoup trop long pour tenir la distance de ce qui se veut un thriller onirique haut de gamme, voire de luxe. Et si l’on est littéralement subjugué par la beauté des images, au bout d’un moment il n’y a que cela qui nous intéresse. Ce n’est déjà pas rien, certes, mais à trop se contempler, Denis Villeneuve nous a semé dans les mélismes de ses fantasmes esthétisants.
Robert Pénavayre
Blade Runner 2049 – Réalisateur : Denis Villeneuve – Avec : Ryan Gosling, Harrison Ford, Jared Leto, Ana de Armas, Sylvia Hoeks…
Denis Villeneuve – J’en rêvais !
A l’aube d’un demi-siècle bien rempli, ce natif de la Jolie Province, fort aujourd’hui d’une bonne dizaine de longs métrages, réalise un rêve qu’il entretenait depuis l’âge de 10 ans : faire des films de science-fiction. Nominé et récompensé dans les plus grands festivals, il finit par pousser la porte d’Hollywood en 2013.Ce sera pour Prisoners (nommé à l’Oscar de la meilleure photographie en 2014) et Enemy.
Il présente aujourd’hui la suite de l’un des mythes fondateurs de la SF cinématographique : Blade Runner, toujours avec Harrison Ford. Il a comme producteur un certain Ridley Scott… Dans le genre « pression », ce n’est pas mal ! Ce n’est pas fini, loin s’en faut, puisqu’il tourne actuellement Dune, le roman de Franck Herbert, déjà porté au cinéma par David Lynch en 1985, sans grand bonheur…