C’est la dernière ligne droite, la dernière semaine pour ce festival international de piano. Talents toujours pour les intervenants et éclectisme vont occuper vos premières soirées automnales. Une création mondiale avec François Dumont associé au danseur Pierre Rigal, suivi de Danae Dörken, puis Chilly Gonzales et pour clore le festival, un habitué toujours très attendu, Nicholas Angelich.
Ce lundi 25 septembre, le tandem François Dumont le pianiste et Pierre Rigal le danseur sont associés pour une création mondiale, une création qui défie l’espace-temps du concert. En effet, le premier est au Cloître des Jacobins et joue Bach. Et, dans le même instant, dans l’église Saint-Pierre des Cuisines, le second danse en compagnie d’un piano, un Yamaha Disklavier…qui joue seul !!! Il joue seul, le même concert, à la nuance près, de François . C’est bien sûr, une performance, et elle est triple. D’abord, Bach interprété avec toute l’émotion qui convient mais sans débordements intempestifs, avec toute la clarté nécessaire, la performance du danseur et sa sensibilité à la musique classique au delà de sa sensibilité à toutes formes de musique, il l’a prouvé à maintes reprises dans ses spectacles précédents, et enfin, la performance dans la correspondance des deux expressions. Un vrai tour de force. Mais il faudra choisir, être au cloître ou à l’église ! Pour ce spectacle, l’inspiration est puisée dans lamusique de Bach. Pour un autre de ses spectacles passés, Micro, j’écrivais, en plein délire, je le reconnais : « Bondissant, comme monté sur ressort ou parcouru par un courant de 100000volts, Pierre Rigal , c’est la débauche d’énergie, c’est la danse, c’est la gym, c’est la contorsion, c’est le corps en délire, l’animal, la “bête“, d’une “physicallity“ impressionnante. On est loin, très loin de l’expression corporelle à 2 balles, ouf. » Jean-Sébastien s’y prêtera sûrement moins mais les qualités seront au rendez-vous.
Mardi 26 septembre, Danae Dörken nous attend au cloître dans un programme romantique Schumann, Brahms et Chopin. Les Klavierstücke suivront les Scènes de la forêt tandis que la Sonate n°3 en si mineur conclura le récital. La jeune pianiste germano-turque a su très rapidement attirer des admirateurs de plus en plus nombreux de par son engagement et son imagination sonore. Une forte personnalité dans cette nouvelle génération de pianistes en verve. Sa biographie nous démontre que ses qualités l’ont déjà emmenée à fréquenter les salles de concert les plus prestigieuses.
Le premier passage avait eu lieu au cloître en 2005. Succès aidant et notoriété devenue ce qu’elle est aujourd’hui, il faut maintenant ce 28 septembre, la Halle et ses plus de 2000 places pour le pianiste “fou“, j’ai nommé Chilly Gonzales, ce fameux iconoclaste artiste qui n’hésite pas à dire : « Je suis convaincu que si j’ai quelque chose à offrir au plus grand nombre en passant par plusieurs formes, c’est mon génie musical. » Le pianiste, rappeur, agitateur public s’est attaqué à tous les genres et en a profité pour multiplier les coups d’éclat, en peignoir ou pas sur scène, en pantoufles ou pas, capable d’effectuer le plus long concert solo de l’histoire, plus de 26 heures seul au piano. Question programme, vous devinez que c’est une Carte Blanche et que nous ne sauriez rien auparavant. Si, il est possible qu’il partage certains morceaux avec une violoncelliste Stella le Page.
Ce serait un véritable sacrilège de présenter un des pianistes les plus réputés mais surtout, l’un parmi eux si souvent accueilli à Toulouse, j’ai nommé Nicholas Angelich dont l’itinéraire est celui d’un musicien hors-norme. Un musicien qui pouvait vous confier : « On joue parce que c’est comme ça. C’est trop compliqué à expliquer. C’est évident et nécessaire. On joue parce qu’on aime ça. » Mais un pianiste qui doute, toujours. On le retrouve aussi bien au Festival Piano en récital, qu’en musique de chambre à Grands Interprètes ou concertiste. Mais concertiste aussi avec l’Orchestre National du Capitole. L’accueil est toujours au sommet. Pour ce concert de clôture, ce 29 septembre, le musicien interprètera du Bach/Busoni, une sonate de Beethoven, les Fantaisies de Brahms pour finir avec la Sonate n°8 de Prokofiev. Un très beau programme en perspective.
Michel Grialou
Francois Dumont © Jean-Baptiste Millot
Danae Dörken © Martin Teschner
Pierre Rigal © Sylvain Gripoix