Sans vouloir expressément faire une référence au film de Jean-Luc Godard (Sauve qui peut (la vie)), il faut bien reconnaître que son titre colle parfaitement au second roman de Virginie Jouannet. Où il est question d’une jeune femme, Jeanne, qui se réveille avec un cadavre sanguinolent à ses côtés. C’est celui de son compagnon, ou du moins de son ex.
Frappée d’amnésie, Jeanne ne peut répondre aux questions des policiers et va s’enfuir, harcelée par les appels téléphoniques incessants d’un mystérieux anonyme. C’est à Biarritz qu’elle va se cacher. Là, elle va faire connaissance avec Emil, un veilleur de nuit, Norvégien de son état.
Autant lui est clair comme l’eau des fjords de son pays natal, autant Jeanne est un rien plus complexe. Malgré tout, une véritable et pour le moins intense relation va se nouer. Mais il y a toujours ces appels téléphoniques… Avec eux, la romancière fait un clin d’œil aux codes du thriller en montant sensiblement le suspense. Les fils de sa mémoire vont-ils finir par se renouer ? La fuite en avant va-t-elle prendre fin ? Ce mystérieux interlocuteur prendra-t-il visage ? Sa passion charnelle pour Emil cache-t-elle une autre issue salvatrice ?
Cette « fuyarde courageuse », comme la nomme Virginie Jouannet, finira-t-elle par renaître ou bien sombrera-t-elle définitivement dans l’abîme ?
Ecrit sur un rythme impressionnant, ce roman d’amour, car c’en est un finalement, est aussi un roman dont le thème central tourne autour de la culpabilité, du secret et du non-dit. Ce livre, écrit au féminin, est une ode au courage, celui d’affronter l’inconnu, de tourner la page. Et de croire en un avenir différent. Un livre souvent violent, martelé par l’urgence et la peur, mais aussi une belle rencontre avec un personnage d’une profonde intensité.
Robert Pénavayre
« Cavale » roman de Virginie Jouannet – XO Editions – 411 pages
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Virginie Jouannet © Philip Conrad