Compte rendu concert. Toulouse. 38ème festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins, le 19 septembre 2017. S. Bortkiewicz. F. Chopin. R. Schumann. Julien Brocal, piano.
Piano aux Jacobins permet la découverte de jeunes pianistes et parmi eux la recherche de grands talents. Auréolé des encouragement de Maria Joao Pires et d’un premier disque bien accueilli outre-Manche, Julien Brocal avait bien des atouts sur le papier. Nous avons découvert un pianiste empressé, jouant vite et fort. Si les 7 préludes de Sergueï Bortkiewicz l’ont montré capable d’historisation et de nuances, je n’ai jamais entendu la deuxième sonate de Chopin à ce train d’enfer sans aucune respiration ni entre les mouvements ni dans les phrases musicales. La virtuosité est là mais précipitée et comme expédiée à la manière d’un forcené qui se jette à l’eau pour arriver le plus vite possible à l’autre rive. La marche funèbre n’a jamais si bien porté son triste nom : elle a sonné bien malheureuse. Le final a passé si vite que bien malin celui qui en a perçu la structure.
Jeunesse empressée…
Julien Brocal en pianiste trop pressé !
Décontenancé par cette première partie insolite, je relisais dans le programme que la critique avait aimé sa deuxième sonate de Chopin au disque…. Espérons que son Chopin y respire d’avantage que ce soir dans le Cloître des Jacobins. La deuxième partie du concert comprenait le Carnaval de Schumann. Cette œuvre de relative jeunesse comporte un programme thématique et dramatique. L’humour n’en est pas absent et pour la première fois Schumann y développe pleinement sa notion de doubles de lui-même : le doux Eusebius et l‘impétueux Florestan. Julien Brocal semble plus inspiré par ces courtes pièces, nuance d’avantage, prend parfois le temps de colorer, sans toutefois mettre en valeur l’humour de certaines pièces. Cette notion d’inconfort lié à la vitesse ne disparaît pas malgré de beaux moments lyriques et finement nuancés. Le final retrouve le gout du pianiste pour la force digitale et la puissance sonore. Les moyens pianistiques sont là, qu’il en soit assuré ; ils sont impressionnants, mais ce soir ils semblent dominer exclusivement. Enivré par sa puissance digitale Julien Brocal se prive de prendre le temps de phraser et de nuancer et bien plus gênant pour l’auditeur il se (et le) prive du temps de respirer. Ce jeune pianiste est tout Florestan et méconnait Eusebius pour le moment, mais qui sait…
Compte rendu concert. Toulouse, 38ème festival Piano aux Jacobins. Cloître des Jacobins, le 19 septembre 2017. Sergueï Bortkiewicz (1877-1952) : 7 préludes Op.40 ; Fréderic Chopin (1810-1849) Sonate n°2 en si bémol mineur Op.35 ; Robert Schumann (1810-1856) : Carnaval Op. 9. Julien Brocal, piano.