First Aid Kit : cet été, Culture 31 dresse la liste des albums qui peuvent sauver une vie, à placer dans une trousse de voyage entre l’écran total, le sérum anti-venin et l’Alka-Seltzer.
Personne ne pourrait aujourd’hui imaginer l’émoi qui entoura la sortie de What’s The Story (Morning Glory) d’Oasis en 1995.
Aucune star du Rn’B, aucun phénomène YouTube n’égalera jamais la vague d’adhésion que suscitèrent les frères Gallagher avec ce deuxième opus. La raison du succès est simple : jamais Oasis ne chercha à être autre chose qu’Oasis.
Jamais aucun de ses membres ne voulut paraître plus intelligent qu’il ne l’était vraiment.
Musicien autodidacte issu de la working class de Manchester, jamais Noel Gallagher ne tenta de gommer son accent insondable, de corriger sa syntaxe de petite frappe.
Jamais il ne pratiqua la flatterie ou la fausse modestie, n’hésitant pas à se qualifier lui-même de génie et son frère Liam d’imbécile, ce dernier le lui rendant bien.
Jamais il ne voulut composer autre chose que la musique qu’il aimait écouter : un rock ultra-mélodique héritier des Beatles.
Jamais Liam ne pensa améliorer son timbre nasillard, rappelant Ray Davis des Kinks.
Jamais il n’essaya, non plus, de modifier ses habitudes, continuant, malgré le succès et les paparazzi, à trop boire devant les objectifs, à se battre devant les bars, à passer ses nuits en cellule de dégrisement au commissariat de Kentish Town.
Oasis, c’était le retour de l’Attitude, comme aucun directeur marketing n’aurait su le concevoir.
Oasis, c’était l’envie très claire, très nue, d’être des rock stars, de composer des hymnes repris par les foules et d’emballer les groupies. Oasis, c’était la sincérité à laquelle rien ne résiste.
Peu de groupes auront exprimé mieux que le rock, c’est d’abord le plaisir, l’énergie, la communion, que le rock, c’est d’abord une grand messe autour d’idoles prêtes à commettre leur propre sacrifice.
Oasis organisera le sien quatorze ans plus tard, se séparant deux minutes avant d’entrer en scène au Festival Rock en Seine après une énième bagarre à mains nues entre les deux frères.
L’ambition d’Oasis, c’était de faire de la musique pour ceux qui aimaient la musique d’Oasis, à commencer par eux-même.
Ils avaient tout pour être insupportables. C’est ce qui les rendait sublimes.
Eva Kristina Mindszenti
Wonderwall
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