L’Amant double, un film de François Ozon
En signant Frantz (2016), ce réalisateur nous avait littéralement bluffé avec une histoire à double lecture pour laquelle il ne donnait au public aucune solution, le laissant à ses interrogations et l’amenant à trouver une réponse dans ses propres questionnements. Certainement le meilleur opus de ce cinéaste. Avec moins de virtuosité certainement, L’amant double remet le couvert, si l’on peut dire.
Où il est question de Chloé, sublime Marine Vacth, une jeune comédienne que François Ozon nous avait fait découvrir dans Jeune et jolie en 2013 (elle avait alors 23 ans !). Chloé, gardienne de musée, est en quête de paix intérieure et pour cela elle décide de consulter un psychiatre. Ce sera Paul (Jérémie Renier, comme à son habitude, parfait). Contrairement aux canons déontologiques de ce son métier, Paul va tomber amoureux de sa patiente. Et c’est réciproque.
L’analyse est donc interrompue et rapidement les deux trentenaires s’installent ensemble, vivant une sexualité libératrice. Chloé va mieux, bien mieux d’ailleurs jusqu’à ce jour tellurique où elle croise dans la rue le sosie parfait de Paul en compagnie d’une autre femme. Chloé va organiser une sorte de filature de cet homme et découvre qu’il est non seulement la copie conforme de son Paul mais aussi psychiatre. Pour en savoir plus, elle décide de le consulter. Rêve, fantasme, réalité, le choix est ici ouvert et ne comptait pas sur François Ozon pour le refermer. Tout au plus donne-t-il des pistes sur les problèmes de gémellité, pistes en forme d’énorme clin d’œil assumé au Faux-semblants de David Cronenberg. Au final un film littéralement envoûtant, sublimé par son duo de comédiens.
Robert Pénavayre