La romancière, essayiste, critique littéraire Catherine David est également pianiste amateur. Sa passion pour la musique se traduit par une série d’ouvrages qui lui sont consacrés. Après Crescendo et La beauté du geste, voici un essai d’une originalité particulière. Lettre ouverte à ma main gauche développe une discussion approfondie de l’écrivaine, mais surtout de la musicienne avec sa main gauche.
Pourquoi diable se lancer dans un tel échange quelque peu surréaliste ? Tout simplement, on l’apprend peu à peu, parce que cette main se montre récalcitrante à accomplir sa mission musicale vis-à-vis du clavier d’un piano. Comme s’il s’agissait d’un personnage à part, cette main gauche se défend devant les reproches de celle qu’elle est supposée servir. Cette discussion est le prétexte à aborder de nombreux sujets liés à l’exécution et à l’écoute de la musique. Mais aussi aux multiples mécanismes qui impliquent le fonctionnement du cerveau et son rôle dans la coordination des ordres qu’il reçoit. Il y est même question d’IRM… Si le propos, qui se disperse tous azimuts, se révèle parfois un peu confus, on découvre des mécanismes rarement dévoilés et souvent passionnants, notamment cet essai d’analyse du plaisir musical. Le style est alerte, l’érudition de l’auteur impressionnante et les références à de multiples études particulièrement bienvenues pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet.
Il se dégage de cet essai foisonnant un amour sincère et profond de la musique dont l’auteur s’attache à analyser les causes et les effets. Une erreur (un lapsus ?) pourra légitimement surprendre le lecteur mélomane. Page 23 il y est question du célèbre violoncelliste Rostropovitch, abusivement prénommé ici Vladimir ! Rendons au grand Rostro son authentique prénom, Mstislav. Cela dit, saluons l’hommage indirect que l’auteure rend à tous ceux qui pratiquent la musique en amateur. L’amateur, répétons-le, est celui qui aime.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Lettre ouverte à ma main gauche – Actes Sud – 320 pages