Après une halte, superbe, comme entre parenthèses, sur le Continent américain en 2015, avec Une putain d’histoire, Bernard Minier remet en scène aujourd’hui le Commandant Servaz et en profite pour nous replonger dans l’univers montagneux et froid des Pyrénées commingeoises. Pas tout de suite d’ailleurs. Il fait tout d’abord un détour par une plateforme pétrolière.
C’est là que le destin, si l’on peut dire, va remettre indirectement notre bien aimé Commandant en présence de celui qui hante ses nuits depuis des années, depuis Glacé en 2011, Le Cercle en 2013 et N’éteins pas la lumière en 2014. Il s’appelle Julian Hirtmann, sorte d’esprit du Mal, insaisissable et sans pitié. Aujourd’hui il se rappelle aux bons souvenirs de Martin Servaz car il a un service à lui demander. Et pas n’importe lequel ! Entre en jeu une enquêtrice norvégienne et… Gustav, un enfant. Cet enfant, pas très en forme mais toujours souriant, est l’obsession du tueur en série. Il le couve comme un véritable père. Ce monstre aurait-il pu engendrer un pareil bambin ? Mais alors, qui est la mère ? Où est-elle ? Que vient faire ce grand chef d’orchestre et son tueur à gage dans cette histoire ? Pour Martin Servaz, le cauchemar continue.
Et nous voilà à nouveau happés par ce thriller qui prend parfois pour cadre notre chère Ville rose. A plusieurs reprises, l’auteur voudrait nous faire croire que le Commandant Servaz est en train de gravir son Golgotha. Il n’en est rien fort heureusement et, selon une habitude à laquelle nous lui en voudrions de déroger, une pirouette finale nous donne une bonne claque et nous laisse à penser que Martin n’en a pas encore tout à fait fini avec son meilleur ennemi. Tant mieux !
Robert Pénavayre
Nuit, de Bernard Minier – XO Editions – 528 pages
Bernard Minier © Bruno Levy