51ème édition du Concours International de Chant de Toulouse
Les Concours de chant, et celui de Toulouse ne fait pas exception à la règle, sont aujourd’hui quasiment phagocytés par l’Extrême Orient et plus particulièrement par la Corée du Sud. Sans être un amoureux des statistiques en matière artistique, force est de s’y référer tout de même. Ainsi, pour sa 51ème édition et sur les 414 candidatures envoyées, 141 ont été retenues pour subir les épreuves éliminatoires. Parmi celles-ci, si l’on ajoute la Corée du Sud, la Chine et le Japon, ce ne sont pas moins de 58 candidats qui se sont présentés, soit une représentation géographique de plus de 40% ! Le plus préoccupant se trouve en finale où leur représentation s’élève à 60% !!! Mais il y a plus inquiétant. Sur les 26 Français engagés au départ, seul 1 accède à la finale. Autre chiffre pour le moins interpellant, des continents entiers sont représentés à la marge (USA) ou pas du tout (Amérique du Sud, Australie).
Quant aux pourvoyeurs historiques de belles voix dans le passé : Espagne, Angleterre, Italie, les doigts des deux mains suffisent à compter leurs représentants dont aucun ne passe le cap des demi-finales. Le constat est là, aussi froid que terrible. Alors, que se passe-t-il ? Problème d’enseignement dans la Vieille Europe ? Problème de vocation devant un marché devenu international et dans lequel la France ne protège plus les siens, contrairement à tous les autres pays de la planète ? Les questions sont nombreuses et méritent d’être posées en particulier à celui ou à celle qui demain va prendre les rênes d’une institution comme le Théâtre du Capitole.
Millésime 2016 : bon niveau…moyen
10 candidats donc pour la finale contre 12 habituellement. Le 1er Grand prix féminin n’a pas été attribué. En fait il ne restait que 2 chanteuses. Elles sont reparties avec un prix. La Russe Dilyara Idrisova (27 ans) avec le Deuxième Grand Prix ainsi que le Prix du public, sa compatriote Antonina Venesina (30 ans) avec le Troisième Prix. Toutes deux ont fait preuve d’une technique avancée sans pour autant être aboutie. Côté masculin, la Corée du Sud a trusté le podium. Le Premier Grand Prix est revenu à la basse Byeong-Min Gil (22 ans !), le Deuxième Grand Prix au ténor Ki Hun Park (22 ans !!) et le Troisième Prix à Beomjin Kim (26 ans !!!). Ce dernier l’a partagé avec le Français de l’étape, Anas Séguin (26 ans). Si celui-ci, baryton lyrique, semble posséder un sens scénique assez développé, force est de constater que, malgré une belle voix ronde et parfaitement timbrée, un manque de projection flagrant devra lui faire prêter attention à ses rôles.
Peu d’enthousiasme dans le public, pas de « réclamation » non plus. Ainsi s’achève une édition parfaitement présentée, et pour la première fois, parfois avec humour, par Benjamin Auriol, une édition qui n’aura apporté aucun coup de cœur, mais suscité beaucoup de question…
Robert Pénavayre
Photo © Patrice Nin